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L'opposant russe et adversaire numéro 1 du Kremlin, Alexeï Navalny, est mort vendredi dans la prison de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison, ont annoncé les services pénitentiaires (FSIN). Aude Merlin, professeure de science politique à l'ULB et spécialiste de la Russie, était l'invitée du RTL info 13h pour en parler.
Qu'est-ce que la mort de la mort d'Alexei Navalny va impliquer pour le régime russe et pour Vladimir Poutine en particulier ? Il était quand même l'un de ses principaux opposants.
"Alors, il est toujours difficile, comme vous le savez, pour nous de parler au futur de l'indicatif. Ce qui est sûr, c'est que la vie humaine n'a pas de prix dans le chef des autorités russes. Et donc, moi, j'aurais envie de dire que ça ne va pas impliquer grand-chose, si ce n'est effectivement un redoublement de la détermination parmi les proches de Navalny.
Mais sachant aussi que son mouvement a été de toute façon complètement stigmatisé et mis hors champ. C'est-à-dire que le fond de lutte contre la corruption ne peut plus travailler de façon libre en Russie."
Ce décès, celui de l'opposant principal à Vladimir Poutine, laisse le champ libre au président russe à l'heure actuelle. Est-ce que c'est aussi symptomatique du régime russe et de la façon de faire du régime russe ?
"Oui, bien sûr. Mais quand vous dites 'laisse le champ libre', en réalité, le pouvoir avait déjà le champ libre. Ce sur quoi on peut peut-être mettre l'accent, c'est sur le fait qu'Alexeï Navalny avait fait le choix de rentrer en Russie en janvier 2021, alors qu'il avait subi une tentative d'assassinat à Tomsk pendant l'été 2020. Il savait qu'il serait arrêté. Son pari était très probablement de faire de son retour un symbole et d'être sur le territoire russe.
Par son exemple en fait, et par sa trajectoire, il a montré ce qu'un opposant de premier plan risque lorsqu'il reste en Russie ou lorsqu'il rentre sur le territoire russe. Mais le simple fait qu'il a été arrêté en janvier 2021 montrait déjà que le Kremlin avait le champ libre."
En tant que spécialiste de la Russie. Cette annonce de décès vous surprend?
"Il y a plusieurs niveaux de réponse. En terme humain, je suis sous le choc parce que c'est le décès d'un homme de 47 ans qui vient de traverser une série d'épreuves qui sont au-delà du pensable. Si on met bout à bout, tout ce qu'il a traversé. C'est quelqu'un qui voulait éclairer ses concitoyens sur la réalité de ce qui se passe.
La question de la surprise... Et bien non. On connaît les conditions de détention dans les colonies pénitentiaires russes et notamment le sort qui est réservé à des opposants politiques de premier plan. Donc c'était effectivement un des scénarios, hélas, qu'il fallait pouvoir craindre dès le moment où il a subi cet empoisonnement et a fortiori dès le moment où il est rentré en Russie en janvier 2021."