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Les électeurs de l'Ohio ont approuvé mardi l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution de cet Etat américain, selon les projections de médias, accordant une victoire retentissante aux défenseurs de l'IVG et aux démocrates du président Joe Biden un an avant la présidentielle.
Signe de l'importance de cette question qui pèsera lourd pendant la campagne en 2024, au Kentucky, Etat conservateur voisin, le gouverneur démocrate Andy Beshear est parallèlement parvenu à se faire réélire mardi après avoir fait du droit à l'IVG un cheval de bataille, selon les mêmes sources.
Dans l'Ohio, le "oui" à l'amendement constitutionnel en faveur de l'avortement l'emporte avec 55% des voix, selon une projection du New York Times.
Une explosion de joie a accueilli la nouvelle lors d'un rassemblement de la coalition pro-avortement à Columbus, la capitale de cet Etat du Midwest contrôlé par les républicains.
"Je n'ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens", a dit à l'AFP, visiblement émue, Summer McLain, 27 ans, qui a milité sans relâche ces derniers mois.
La coalition anti-avortement Protect Women Ohio a au contraire dit au nom de ses membres avoir le "coeur brisé" par les résultats.
L'Ohio vient s'ajouter aux Etats, progressistes comme conservateurs, qui ont systématiquement voté pour les pro-IVG lors de scrutins sur l'avortement, à la grande surprise des républicains, après le revirement de la Cour suprême sur le sujet l'an dernier.
- "Gagner l'an prochain" -
Ce scrutin test a été suivi de très près à travers le pays, car il permet de jauger la tendance chez les électeurs à un an de la présidentielle.
Le président Biden, candidat à sa réélection et en mauvaise posture dans les sondages, ne s'y est pas trompé, s'empressant de saluer les résultats et profitant de l'occasion pour exhorter aux dons.
"A travers le pays ce soir, la démocratie a gagné et les trumpistes ont perdu. Les électeurs élisent. Les sondages non. Maintenant, tous ensemble pour gagner l'an prochain", a-t-il écrit sur X.
Depuis que la Cour suprême a cassé à l'été 2022 l'arrêt qui garantissait le droit fédéral des Américaines à interrompre leur grossesse, la question du droit à l'avortement est revenue aux Etats.
Plusieurs Etats l'ont restreint ou interdit, d'autres l'ont renforcé.
Le sujet mobilise fortement les Américains. Et même chez ceux ne s'identifiant pas comme progressistes, certains ont jugé trop radicales les interdictions décidées par plusieurs Etats.
Dans l'Ohio, une tentative de la droite de compliquer l'organisation de référendums (avec l'avortement en ligne de mire) avait échoué en août.
Les défenseurs de l'avortement ont réussi à rassembler des centaines de milliers de signatures pour soumettre à la population un amendement constitutionnel consacrant le droit à l'IVG.
Durant la campagne, les deux camps ont ensuite mené une campagne acharnée à coups de millions de dollars et de spots télévisés omniprésents, envoyant des milliers de volontaires frapper aux portes des habitants.
- Battement de coeur -
Après la décision de la Cour suprême, l'Ohio avait adopté une loi bannissant la plupart des avortements - même en cas de viol ou d'inceste - dès qu'un battement de cœur peut être détecté. C'est-à-dire vers six semaines, souvent avant même qu'une femme ait connaissance de sa grossesse.
Cette législation est actuellement en suspens en raison d'une bataille juridique. Pour le moment, l'avortement est légal dans l'Ohio jusqu'à environ 22 semaines de grossesse.
L'amendement adopté mardi prévoit que tout individu ait "le droit de prendre et d'appliquer ses propres décisions" en matière notamment d'avortement, de contraception et de traitement lié à la fertilité ou aux fausses couches.
Le gouverneur républicain Mike DeWine, farouchement opposé à la mesure, avait avancé que celle-ci ouvrirait la porte à des avortements "à n'importe quel moment" de la grossesse, et à la possibilité que des mineures y aient recours sans l'accord de leurs parents. Ce que le camp adverse a catégoriquement démenti.
Les électeurs de l'Ohio ont aussi approuvé une légalisation du cannabis, selon les projections des médias.