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A la frontière mexicaine, Harris attaque Trump sur son terrain

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Rebecca NOBLE

Kamala Harris a tenté d'attaquer Donald Trump sur son terrain favori vendredi, en se rendant à la frontière mexicaine, où elle a promis de "faire plus" pour renforcer la sécurité et de réformer le "système d'immigration défaillant" des Etats-Unis.

Pour ce premier déplacement dans la région en trois ans, la vice-présidente américaine a défendu une politique équilibrée, et dénoncé son adversaire dans la course à la Maison Blanche, accusé de "manier la rhétorique plutôt que les résultats".

"Il a aggravé les difficultés à la frontière, et il continue d'attiser les flammes de la peur et de la division", a-t-elle lancé à Douglas, ville frontalière dans l'Arizona, Etat du sud-ouest qui sera clé pour l'élection de novembre.

Le milliardaire de 78 ans avait fait pression pour que les parlementaires républicains bloquent un projet de loi porté par le président Joe Biden, qui aurait nettement durci la politique migratoire américaine.

Si elle est élue, Mme Harris, a promis de ressusciter cette loi, qui prévoyait notamment de faciliter les procédures d'expulsion et d'embaucher des milliers d'agents frontaliers et de juges supplémentaires.

Le texte était le compromis "le plus solide que nous ayons vu depuis des décennies", a assuré la démocrate.

Elle a également promis de "faire plus pour sécuriser notre frontière, pour réduire les arrivées illégales" de migrants.

Pour cela, cette ancienne procureure compte interdire aux immigrés arrivés clandestinement aux Etats-Unis la possibilité de réclamer l'asile.

Elle souhaite aussi renforcer les effectifs des forces de l'ordre et déployer plus d'équipements de détection de fentanyl, opiacé de synthèse qui tue chaque année des dizaines de milliers d'Américains.

- Trump à l'offensive -

Avec ce déplacement, la candidate démocrate espérait convaincre les indécis, sur un sujet vu comme un de ses points faibles.

Donald Trump, qui promet des déportations massives, à grands renforts de formules violentes, a imposé l'immigration comme son thème favori. Il a récemment propagé de fausses informations sur des migrants haïtiens qui mangeraient des chiens et des chats dans l'Ohio.

L'ex-président républicain accuse Joe Biden et Kamala Harris d'avoir transformé la frontière en passoire, et dénonce inlassablement l'"incompétence" de Kamala Harris, en rappelant que Joe Biden avait chargé la vice-présidente d'une mission sur les racines de l'immigration.

"Kamala Harris devrait annuler sa conférence de presse", avait raillé M. Trump plus tôt vendredi.

Lors d'un meeting dans l'Etat clé du Michigan, il a tordu des chiffres officiels pour affirmer faussement que "plus de 13.000 condamnés pour meurtre" ayant franchi la frontière sous l'administration Biden-Harris "ont été libérés de prison et errent dans nos rues".

En réalité, ces statistiques gouvernementales récemment publiées montrent que 425.000 immigrés avec un casier judiciaire vivent aux Etats-Unis, dont plus de 13.000 ont été condamnés pour meurtre.

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KAMIL KRZACZYNSKI

Les données ne précisent pas depuis combien de temps ces individus vivent aux Etats-Unis, et les experts estiment que nombre d'entre eux sont là depuis bien avant l'administration Biden, voire depuis des décennies.

"Il s'agit de personnes qui ont déjà été inculpées et condamnées et qui ont purgé leur peine", a expliqué à l'AFP Aaron Reichlin-Melnick, de l'American Immigration Council.

Sous la présidence Trump, des centaines de milliers d'immigrés avec un casier judiciaire étaient déjà présents dans la société américaine, a-t-il rappelé.

"La seule raison pour laquelle ils ne peuvent pas être expulsés est due à des problèmes diplomatiques avec leur pays d'origine et n'a rien à voir avec la politique ou les pratiques du gouvernement américain", a-t-il ajouté.

- "Choix fallacieux" -

En Arizona, Kamala Harris a également refusé le "choix fallacieux entre la sécurisation de nos frontières et la création d'un système d'immigration sûr et humain".

"Nous pouvons et nous devons faire les deux", a-t-elle martelé, en promettant de travailler avec le Congrès à "réparer notre système d'immigration défaillant".

A l'heure actuelle, "il faut parfois des années pour que les demandes d'asile fassent l'objet d'une décision", a-t-elle rappelé.

Pour changer cela, elle souhaite embaucher plus de personnel et développer le traitement des demandes directement dans les pays d'origine.

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JOHN MOORE

Elle a également évoqué un vieux serpent de mer de la politique américaine, en promettant "une voie d'accès à la citoyenneté pour les immigrés qui travaillent dur et qui sont ici depuis des années".

Un message à l'intention des nombreux immigrés du secteur agricole et des "Dreamers", ces immigrés arrivés enfants aux Etats-Unis et vivant depuis des années dans le pays sans la nationalité américaine.

Souvent latino-américains, ils appartiennent à un électorat qui pèsera lourd en novembre.

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