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Israël a bombardé jeudi des dizaines de cibles du Hezbollah au Liban, où les Etats-Unis et la France ont appelé à un cessez-le-feu de 21 jours après des frappes aériennes massives qui ont attisé la crainte d'un embrasement du Proche-Orient.
Depuis lundi, les frappes israéliennes ont fait plus de 600 morts au Liban, dont de nombreux civils, tandis que le mouvement islamiste libanais, soutenu par l'Iran, a multiplié les tirs de roquettes vers le nord d'Israël et visé pour la première fois avec un missile la grande ville de Tel-Aviv, dans le centre du pays.
Jeudi, l'armée israélienne a annoncé que ses avions de combat avaient attaqué 75 objectifs militaires du Hezbollah pendant la nuit, dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa, dans l'est, deux places fortes du Hezbollah.
Selon le ministère de la Santé libanais, une frappe a fait au moins neuf morts et 11 blessés à Younine, une localité de la Békaa proche de Baalbeck.
"Nous étions avec mes sœurs et des cousins, quand des avions ont frappé tout d'un coup", a raconté mercredi à l'hôpital de Baalbeck Zeinab al-Moussawi, une femme blessée la veille.
"Il y avait des restes humains, mes cousins, tout autour de nous, et la maison a été détruite", a-t-elle dit.
Les bombardements ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l'ONU, fuyant vers Beyrouth ou la Syrie.
- "Une chance à la diplomatie" -
La France et les Etats-Unis, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat de 21 jours" pour "donner une chance à la diplomatie", en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.
"Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers", ont écrit les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Joe Biden.
Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, allié d'extrême droite clef pour la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a rejeté cet appel.
"La campagne [militaire au] nord ne doit se terminer que d'une seule façon : l'écrasement du Hezbollah et l'élimination de sa capacité à nuire aux habitants du nord" d'Israël, a écrit M. Smotrich sur X.
"Il ne faut pas laisser à l'ennemi le temps de se remettre des coups violents qu'il a reçus et de se réorganiser pour poursuivre la guerre après 21 jours", a-t-il ajouté.
En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le "centre de gravité" de ses opérations vers le nord du pays, le long de la frontière libanaise, pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés, dans cette région visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d'un an.
Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d'explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l'unité d'élite du mouvement.
"Nous devons tous nous alarmer de l'escalade", a averti mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, lors d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
Le Hezbollah, allié du Hamas, a promis de continuer à attaquer Israël "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza". L'Iran a assuré qu'il soutiendrait le Liban "par tous les moyens" en cas d'escalade.
- "La force" et "des ruses" -
Mercredi, le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre, réveillant le souvenir de la dernière guerre entre Israël et le puissant mouvement islamiste en 2006.
"Nous attaquons toute la journée (...) pour préparer la zone à la possibilité de votre entrée (...) et continuer à frapper le Hezbollah", a-t-il déclaré à des soldats à la frontière avec le Liban, alors que l'armée a annoncé le rappel de deux brigades de réserve qui seront déployées dans le nord.
Joe Biden, dont le pays est le principal allié d'Israël, a de nouveau averti du risque d'une "guerre généralisée" au Proche-Orient, même si le Pentagone a jugé qu'une offensive terrestre israélienne n'apparaissait pas "imminente".
L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir frappé "plus de 2.000 cibles" du Hezbollah depuis lundi. Selon le gouvernement, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an.
Mercredi, le Hezbollah a affirmé avoir visé avec un missile Qader le quartier général du Mossad, les services de renseignements extérieurs israéliens, près de Tel-Aviv. L'armée a annoncé l'avoir intercepté.
"J'ai vécu dans le nord pendant la majeure partie de ma vie, donc (...) je suis un peu habituée", mais que des tirs "atteignent le centre du pays est sans conteste plus effrayant", a confié à Tel-Aviv Noam Nadler, une étudiante de 27 ans.
Israël utilisera "la force" et "des ruses" contre le Hezbollah jusqu'au retour des habitants du nord d'Israël, a affirmé mercredi Benjamin Netanyahu, avant de partir pour New York.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.
Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu'à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.