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Le phénomène des baby killers, qui prend de l’ampleur à Marseille, a déjà été observé en Belgique, avec des tueurs à gages à peine majeurs. Comment notre pays appréhende-t-il, de manière générale, la problématique des mineurs qui tuent ?
Déjà présent en France, le phénomène des baby killers, ces enfants tueurs utilisés par des organisations criminelles, commence également à toucher la Belgique.
Yannick De Vlaemynck, avocat pénaliste, s’exprime sur ce fléau : "Ce phénomène inquiétant existe également en Belgique. Pour l’instant, nous n’avons pas encore de mineurs impliqués dans ce type de dossier. Mais nous observons des jeunes adultes, à peine majeurs, âgés de 18 à 20 ans, qui commettent ce genre d’actes".
La justice belge a déjà été confrontée, dans d’autres circonstances, à des cas d’assassins mineurs. On peut notamment citer l’affaire de Junior Pashi Kabunda. Ce dernier avait 16 ans lorsqu’il a tué, en 2006, Benjamin Rawitz pour lui voler sa voiture. Malgré la gravité des faits, le juge de la jeunesse a décidé de ne pas se dessaisir du dossier, et Junior a été placé en détention dans une institution pour mineurs.
Pourquoi une telle décision ? La réponse réside dans la différence de traitement entre un mineur et un adulte, explique Fabian Lauvaux, l’ancien avocat de Junior Pashi Kabunda.
"L’esprit de la loi en matière de jeunesse est de considérer qu’il existe toujours une possibilité d’éduquer. Ainsi, un mineur n’est pas traité comme un adulte. Néanmoins, si les faits sont graves, une réponse est nécessaire pour protéger la sécurité publique. Dans ce cas, la privation de liberté est décidée, et c’est le juge de la jeunesse qui en assure le suivi dans des établissements spécialisés, où l’accent est mis sur des mesures éducatives".
Les juges ne sont malheureusement pas des devins
Trois ans plus tard, alors qu’il bénéficie d’une sortie, Junior Pashi Kabunda commet un double meurtre : il tue sa fille de 18 mois ainsi que l’arrière-grand-mère de celle-ci. Cette fois, il est jugé devant une cour d’assises et condamné à la perpétuité.
"Les juges ne sont malheureusement pas des devins. Ils doivent statuer en fonction des éléments qui leur sont soumis. On accorde parfois des chances, mais il arrive que ces chances soient suivies de récidives. Dans ces cas-là, l’application de la loi devient de plus en plus stricte. Inévitablement, on en arrive à des décisions de dessaisissement et à des jugements devant la cour d’assises", explique Fabian Lauvaux.
Si le profil du jeune le permet, la justice préfère toutefois mettre en place un projet d’accompagnement et un encadrement pour le mineur délinquant, plutôt que de procéder à un dessaisissement en vue d’un procès.
Retrouvez l'émission "Encore mineurs, déjà tueurs" ce vendredi à 19h50 sur RTL tvi et en streaming sur RTL play.