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La campagne des élections européennes de 2024 est "franco-centrée" et "couverte avec moins d'intensité qu'en 2019" par les médias, analyse la Fondation Jean Jaurès dans une étude publiée jeudi.
Cette enquête, menée en partenariat avec le cabinet Onclusive et l'Ina à partir de contenus issus de la télévision, de la radio et de la presse papier et web, souligne que "les Français s'estiment mal informés sur les questions européennes". Ainsi, seulement 54% d'entre eux savent qu'Ursula Von Der Leyen est présidente de la Commission européenne, tandis que trois Européens sur quatre la connaissent.
En cause notamment: la faible médiatisation de la scène politique européenne. "La médiatisation des élections européennes de 2024 connaît un repli important", relèvent les auteurs de l'étude, avec une couverture de la campagne "30% moins visible en volume que sur la même période en 2019".
Ce déficit s'explique en partie par la "faible capacité de la vie politique française à mettre en débat les questions communautaires au quotidien, notamment dans le jeu parlementaire", mais aussi par une "visibilité des députés européens chroniquement faible".
Le manque de notoriété de plusieurs têtes de liste est également pointé par l'étude, "à commencer par [celle] de la majorité" et à l'exception de Jordan Bardella (RN) et Marion Maréchal (Reconquête), qui "ont bénéficié entre 2020 et 2023 d'une exposition publique dans les journaux étudiés".
Certains soutiens sont en revanche très présents dans la campagne, à commencer par le président Emmanuel Macron, deuxième personnalité la plus citée par les médias derrière Jordan Bardella.
"Nous sommes donc en train de jouer la partie d'un scrutin parfaitement français, une forme de seconde élection législative dont le thème serait les questions européennes", notent les auteurs, pointant un risque de décorrélation entre les enjeux de la campagne au plan national et la réalité des débats politiques au niveau européen.
Ils mettent également en avant le faible nombre de correspondants basés à Bruxelles.
Outre la responsabilité des médias eux-mêmes, l'étude appelle à une "réflexion sur le fonctionnement de la vie politique européenne", déplorant le "déficit d'incarnation" dont souffre l'UE et appelant à l'adoption d'un scrutin basé sur des listes transnationales, qui permettraient une véritable européanisation du scrutin.