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Le Premier ministre indien Narendra Modi s'est rendu mardi dans la ville où plus de 130 de ses concitoyens ont trouvé la mort dans l'effondrement d'un pont piétonnier récemment rénové.
Sous les yeux du Premier ministre venu se recueillir, des sauveteurs à bord de bateaux pneumatiques continuaient de manoeuvrer et de draguer le lit de la rivière, les opérations de recherches se poursuivant, deux jours après la catastrophe de Morbi, située à 200 kilomètres à l'ouest d'Ahmedabad, principale ville de l'Etat du Gujarat dont est originaire M. Modi.
La mort de 134 personnes dans l'effondrement du pont, dont 47 enfants, a été confirmée, a déclaré mardi matin à l'AFP Rahul Tripathi, commissaire de police à Morbi.
Un précédent bilan, qui donnait 137 morts à la suite d'une confusion lundi, a été revu à la baisse.
"Nous n'avons pas encore mis fin aux opérations de recherches, car nous craignons qu'il reste des victimes dont les proches ne savent pas où elles se trouvent et ne nous ont pas encore contactés", a-t-il expliqué.
Les autorités ont évalué à 500 le nombre des personnes qui célébraient les fêtes de Diwali sur ce pont, datant de l'époque coloniale, quand les câbles qui le soutenaient ont subitement lâché.
Le pont venait de rouvrir au public après plusieurs mois de travaux de rénovation.
- Autorités "nulles" -
Dimanche soir, selon des images de télésurveillance, la structure s'est balancée avant de céder, précipitant une partie de la foule dans la rivière.
Ilyas Khan Akbar Khan Pathan, un chauffeur de rickshaw de 33 ans, a perdu dans l'accident sa femme, ses deux enfants, âgés de six et trois ans, sa belle-sœur et ses deux nièces.
"Nous avons trouvé les corps vers quatre heures du matin. Ma fille Mahiya avait la tête dans la boue, des gens sont allés la chercher en bateau", a déclaré M. Pathan à l'AFP mardi.
"La police et l'administration ont mis près de deux heures à lancer l'opération de sauvetage (...) Les autorités ont été nulles", a-t-il déploré.
Le président chinois Xi Jinping a adressé à son tour ses "profondes condoléances", mardi aux familles des victimes dans un message adressé à la présidente Droupadi Murmu et au Premier ministre Modi.
- D'autres arrestations suivront -
Les rénovations du pont auraient été effectuées par le groupe local Oreva, dont l'expertise porte notamment sur les horloges et les vélos électriques.
Mercredi dernier, jour de la réouverture du pont au public, Jaysukh Patel, président d'Ajanta Manufacturing, une entreprise du groupe, avait déclaré que le pont pourrait aisément tenir encore une quinzaine d'années.
Sandeepsinh Jhala, à la tête de la municipalité de Morbi, a indiqué lundi qu'aucun certificat de conformité n'avait été délivré avant sa réouverture au public.
Lundi soir, la police a annoncé l'arrestation de neuf personnes, inculpées d'homicides involontaires, dont deux directeurs d'Oreva, deux sous-traitants et également deux vendeurs de billets d'accès au pont, accusés d'en avoir trop vendu et d'avoir ainsi provoqué la surcharge du pont.
Trois agents de sécurité ont également été arrêtés "car ils n'ont pas réussi à gérer la foule sur le pont", a précisé lundi soir à la presse un haut responsable de la police, Ashok Yadav.
"Au fur et à mesure que l'enquête progresse, les noms d'autres personnes associées au groupe Oreva seront également arrêtées", a déclaré M. Yadav.
Il a ajouté qu'une équipe d'enquête spéciale (SIT) a été formée pour enquêter sur les aspects de la maintenance et de la sécurité structurelle du pont.
Au crématorium de Morbi lundi, Puneet Pitroda, un négociant de textiles de 35 ans, pleurait la mort de son frère et sa belle-sœur.
"Les autorités sont entièrement responsables de cette tragédie", a-t-il déclaré à l'AFP, "elles ont permis à des centaines de personnes de se rassembler sur ce pont qui ne pouvait en accueillir qu'un nombre limité".
Et d'ajouter : "Nous n'oublierons jamais cette nuit".