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Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées jeudi dans la capitale arménienne, Erevan, protestant contre la décision du gouvernement de "céder" des terres à l'Azerbaïdjan, voisin et grand rival.
Les autorités arméniennes, en quête d'un accord de paix pour apaiser enfin des décennies de différends territoriaux avec Bakou, ont approuvé la restitution de villages frontaliers saisis par leur armée dans les années 1990.
Mais cette décision, perçue par certains comme une concession inutile, provoque depuis des semaines d'importantes manifestations dans ce pays du Caucase.
"Je suis venue aujourd'hui parce que je veux laisser à nos enfants un beau pays", a déclaré à l'AFP Edik Nikoghossian, retraité de 77 ans.
"On ne peut pas continuer comme ça, à donner nos terres", a-t-il regretté.
La manifestation de jeudi était l'aboutissement d'une marche entamée dans la région de Tavouch, où des territoires seront restitués.
Ses résidents, partis il y a six jours, ont atteint Erevan et été rejoints par des partis d'opposition ainsi que des organisations de réfugiés du Haut-Karabakh.
Ce territoire disputé a été repris par l'Azerbaïdjan au terme d'une offensive éclair en septembre, mettant fin à des décennies de séparatisme et poussant au départ la quasi-totalité de sa population arménienne.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, en acceptant les restitutions de village frontaliers, "vend nos terres", s'est agacé un autre manifestant de 70 ans, Norik Chahramanian.
"On doit le démettre de ses fonctions aussi vite que possible", a-t-il déclaré.
Tigrabn Balassanian, 43 ans, qui a fui le Haut-Karabakh, a dit s'être attu "jusqu'au bout" pour ce territoire montagneux.
"Mais on l'a perdu", a-t-il regretté. "Je ne veux pas qu'on perde aussi l'Arménie. On ne doit pas laisser ces autorités faibles céder l'Arménie."