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Quel tournant a permis d’aboutir à ce cessez-le-feu historique entre Israël et le Hamas ? Voici l'analyse de Michel Liégeois, professeur en relations internationales à l'UCLouvain.
Après plus de 15 mois d'une guerre entre Israël et le Hamas qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien, le Qatar et les États-Unis ont annoncé hier soir la conclusion d'un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération d'otages.
Après plus d'un an de blocage, les négociations indirectes se sont accélérées ces derniers jours via les médiateurs internationaux - États-Unis, Qatar, Egypte - avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Mais quel a été le déclic qui a permis d'obtenir ce cessez-le-feu historique ? "Le gouvernement israélien a estimé qu'il avait avancé suffisamment loin dans ses objectifs militaires, par rapport au Hamas, pour pouvoir envisager un cessez-le-feu et concéder la fin des opérations contre le Hamas", répond Michel Liégeois, professeur en relations internationales à l'UCLouvain. "Israël a clairement annoncé sa volonté d'éradiquer toute présence militaire à Gaza. Il semble qu'aujourd'hui, il estime que ses objectifs sont atteints", complète-t-il.
Donald Trump, à titre personnel, n'a pas joué un rôle décisif
Rapidement, Donald Trump a réagi : "Nous avons un accord sur les otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés bientôt", s'est félicité le président élu qui a récemment promis "l'enfer" à la région si les otages n'étaient pas libérés avant son retour à la Maison Blanche le 20 janvier. Est-ce lui qui a permis ce cessez-le-feu ? Pas tout à fait, répond Michel Liégeois. "La perspective du changement d'administration a eu un impact dans beaucoup de processus internationaux. Je ne pense pas que Donald Trump, à titre personnel, ait joué un rôle quelconque dans cette négociation. Ses équipes ont été associées. D'ailleurs, l'administration Biden a reconnu qu'il y avait une collaboration entre les deux équipes dans cette phase de transition, mais Donald Trump, à titre personnel, n'a pas joué un rôle décisif".
Il convient toutefois d'être prudent, nuance le professeur. "Ce cessez-le-feu doit être salué comme la première véritable éclaircie humanitaire. Le deuxième enjeu, c'est que ce cessez-le-feu soit prolongé. Il faut encore que l'ensemble des parties le respecte, ce n'est pas encore absolument certain, et qu'il soit prolongé. 42 jours, c'est beaucoup trop court. Il ne faudrait pas nourrir les espoirs déraisonnables. Ce n'est qu'un cessez-le-feu. C'est déjà énorme et il faut le saluer sur le plan humanitaire... Mais ce n'est que cela".
Le cessez-le-feu entrera en vigueur dimanche et durera 42 jours (6 semaines). 33 otages retenus à Gaza seront libérés, dont des femmes civiles, ainsi que des enfants, des personnes âgées, des malades civils et des blessés, en échange de plusieurs prisonniers détenus dans les prisons israéliennes.
L'accord, outre le cessez-le-feu, comprend le retrait des forces israéliennes vers l'est, loin des zones peuplées. Les détails concernant les phases deux et trois (de l'accord) seront finalisés lors de la mise en œuvre de la première phase. La deuxième phase doit aussi permettre la libération des derniers otages et un retrait complet israélien de Gaza.