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Pour la deuxième fois en moins de deux semaines, Ernst Bontemps fixe des planches de bois aux fenêtres de sa clinique à Saint Petersburg dans l'ouest de la Floride. Sa ville, dévastée par l'ouragan Hélène, est sur la trajectoire de Milton.
"C'en est trop", soupire ce gastroentérologue de 61 ans. "C'est vraiment dur car nous avons déjà vu notre ville complètement dévastée" il y a peu et "ça recommence", se désespère-t-il.
L'ouragan Milton devrait toucher terre dans cet Etat américain du sud-est, le troisième le plus peuplé des Etats-Unis, dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais des vents violents vont le précéder, l'ouragan étant passé lundi en catégorie 5 -- la plus élevée -- au large du Mexique.
La baie de Tampa, qui comprend la ville éponyme et celles de Saint Petersburg et de Clearwater, ne s'est pas encore remise de l'ouragan Hélène, qui a causé au moins 230 morts dans le sud-est des Etats-Unis dont au moins 15 en Floride et avait touché la côte en tant qu'ouragan de catégorie 4.
En première ligne avant Saint Petersburg: Treasure Island, petite île de 6.500 habitants dans le golfe du Mexique, où les rues sont encore jonchées de débris. Les vagues ont submergé des habitations et des échoppes.
De nombreux habitants ont sorti le mobilier trop endommagé par les inondations: lits, matelas, réfrigérateurs et télévisions forment des tas devant les maisons.
Devant la sienne, David Levitsky, retraité de 69 ans, s'inquiète de la possibilité que les vents emportent ces meubles et les fassent atterrir "sur on ne sait pas qui dans la rue".
Comme ses voisins, il tente de protéger ce qu'Hélène lui a laissé avant de se préparer à évacuer pour rejoindre une zone plus sûre.
"Vivre au bord de la mer est une joie, mais bien sûr, cette joie vient avec beaucoup de risques" bien plus sombres, constate-t-il.
L'observatoire météorologique américain avait prévenu fin mai que la saison des ouragans, qui s'étend de début juin à fin novembre, s'annonçait cette année extraordinaire. En réchauffant les eaux des mers et des océans, le changement climatique rend plus probable l'intensification rapide des tempêtes et augmente le risque d'ouragans plus puissants, selon les scientifiques.
"Je suis là depuis 22 ans et nous n'avons jamais été touchés deux fois de suite en un an. Depuis que j'habite ici, les étés sont devenus plus chauds. La chaleur est moins supportable. Il se passe quelque chose", reconnaît Ernst Bontemps.
- Éléphants et rhinocéros -
De l'autre côté de la baie, à une quarantaine de kilomètres, la ville de Tampa et ses 400.000 âmes se préparent à vivre la "pire tempête à frapper la région depuis plus de 100 ans" si celle-ci garde sa trajectoire, selon les services météorologiques locaux.
Des sacs de sable s'empilent devant les portes pour anticiper la montée soudaine des eaux tandis que les rues sont embouteillées par les habitants qui cherchent à faire le plein de nourriture et de carburant, bien que ce dernier se fasse de plus en plus rare.
Au milieu de cette agitation, Tiffany Burns prépare une évacuation d'un tout autre genre. Responsable des animaux du zoo de Tampa, elle doit organiser le déplacement d'éléphants, de rhinocéros ou d'orang-outans dans des bâtiments construits pour résister aux ouragans.
"Nous espérons qu'ils souffriront le moins possible", explique cette femme de 41 ans.
Deux vétérinaires tentent ainsi d'attirer un porc-épic dans une cage à l'aide de carottes et de fraises. Une fois enfermé, l'animal est ensuite transporté au sec avec soin grâce à une voiturette de golf.
Le personnel du zoo essaye de rester positif mais beaucoup sont inquiets pour leurs foyers à eux.
"C'est vraiment dur de voir une si grosse tempête arriver si tôt après la dernière", se lamente Tiffany Burns.