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Le président de la Cour suprême du Bangladesh, proche de l'ancien pouvoir chassé par un soulèvement populaire, a démissionné sous la pression des manifestants au moment où le chef du gouvernement intérimaire, Muhammad Yunus, a lancé un appel à l'unité.
"Il ne m'est plus possible d'exercer mes fonctions et j'ai donc décidé de démissionner", a déclaré samedi Obaidul Hassan dans un communiqué.
Nommé à la tête de la Cour suprême l'année dernière, il est considéré comme un fidèle de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina, qui a fui le pays cette semaine à la suite des manifestations de masse.
Obaidul Hassan a notamment supervisé un tribunal des crimes de guerre très critiqué qui a ordonné l'exécution d'opposants de Mme Hasina. Son frère a été le secrétaire de l'ancienne Première ministre pendant de nombreuses années.
L'annonce de sa démission intervient après un ultimatum de la part de manifestants dont certains s'étaient rassemblés devant le bâtiment de la plus haute autorité judiciaire du pays, a rapporté la chaîne de télévision Jamuna TV.
"Personne ne devrait faire quoi que ce soit qui puisse opposer la Cour suprême au soulèvement de masse des étudiants et du peuple", a déclaré à la presse Asif Nazrul, un étudiant leader de la contestation qui fait partie du gouvernement de M. Yunus.
Le dirigeant intérimaire du Bangladesh a lancé un appel à l'unité religieuse samedi en embrassant et réconfortant la mère en pleurs d'un étudiant abattu par la police, dont la mort a été le point d'orgue des manifestations de masse qui ont mis fin aux 15 années de règne de Sheikh Hasina.
"Notre responsabilité est de construire un nouveau Bangladesh", a déclaré l'économiste et prix Nobel de la paix, âgé de 84 ans, aux journalistes. "Ne faisons pas de différence en fonction de la religion", a-t-il insisté.
Plusieurs attaques contre la minorité hindoue du pays depuis la fuite de Sheikh Hasina ont suscité l'inquiétude de l'Inde voisine et des craintes au Bangladesh.
- "Protéger la Constitution" -
Des commerces et des maisons appartenant à des hindous - une communauté parfois considérée dans ce pays à majorité musulmane comme ayant été proche de la dirigeante déchue - ont été attaqués lundi, selon des témoins. La maison d'un musicien hindou célèbre, Rahul Ananda, a été incendiée.
Le nouveau chef du gouvernement s'exprimait lors d'une visite à Rangpur, une ville du nord du pays, au cours de laquelle il a rendu hommage à Abu Sayeed, le premier étudiant tué lors de la répression des manifestations. Agé de 25 ans, il avait été abattu à bout portant par la police le 16 juillet.
Le nouveau gouvernement intérimaire a promis vendredi de relever le difficile défi de ramener le pays à la démocratie après le soulèvement étudiant et les manifestations de masse.
Au moins 432 personnes ont été tuées durant le mouvement de contestation, dont 122 lundi, la journée la plus meurtrière, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources policières, gouvernementales et médicales.
Une grève a été déclenchée mardi par les syndicats de police du pays, indiquant que les agents ne reprendraient pas le travail tant que la sécurité ne serait pas assurée au Bangladesh. Les forces de l'ordre ont indiqué samedi que la moitié des commissariats avaient rouvert.
Des évasions de plusieurs centaines de détenus ont eu lieu cette semaine dans des prisons situées au nord de la capitale Dacca.
Au lendemain de son retour d'Europe et après avoir promis de "faire respecter, soutenir et protéger la constitution" lors de son entrée en fonction, M. Yunus a rendu hommage vendredi aux héros de l'indépendance bangladaise, son premier acte en tant que chef du gouvernement intérimaire.
L'économiste, qui a pris le titre de "conseiller en chef" dans le gouvernement intérimaire, composé de civils à l'exception d'un général de brigade à la retraite, a affirmé qu'il souhaitait organiser des élections "d'ici quelques mois".