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"On fait des millions avec ça": quel est l'objet le plus précieux de Fabien Pinckaers, plus jeune milliardaire de Belgique?

Fabien Pinckaers, le fondateur d'Odoo, s'est confié à notre micro dans un jeu de questions-réponses. L'entrepreneur parle de sa vie et de son parcours d'entrepreneur à succès, dont l'entreprise atteint les 5 milliards d'euros de valorisation.

Quel est votre objet le plus précieux ?

"Mon objet le plus précieux, c'est un ordinateur. On fait des millions avec ça."

Qu’est-ce qu’Odoo et à qui s’adresse votre produit ?

"Odoo, c'est une suite d'applications pour les PME. La gestion de la caisse, votre site web, la comptabilité, la gestion de stock, tout ce que vous avez besoin. Vous avez une application disponible en quelques clics. Et toutes ces applications sont abordables, c'est-à-dire 20 euros par utilisateur et par mois."

Combien d’utilisateurs comptez-vous actuellement ?

"En nombre de clients, Odoo, c'est 15 millions d'utilisateurs."

Comment s’est déroulé votre parcours scolaire ?

"Mon parcours scolaire était tout à fait normal... à l'exception que j'ai quand même beaucoup travaillé sur le côté. Mais à l'école, j'étais comme tout le monde."

Votre famille a-t-elle influencé votre carrière ?

"Je viens d'une famille d'entrepreneurs, mon papa est commissaire-priseur. Sa spécialité, c'est les jouets et la porcelaine. J'ai beaucoup travaillé toute ma vie, donc c'est une inspiration pour moi en tant que travail."

Quelle est votre principale difficulté personnelle ?

"Alors, ce que je suis incapable de faire, c'est retenir. J'ai une mémoire de poisson rouge."

Avez-vous des qualités qui compensent cette difficulté ?

"Heureusement, j'ai une grande logique, mais ça pose des problèmes parfois."

Savez-vous combien d’heures vous dormez par nuit ?

"Combien d'heures je dors par nuit ? Je ne sais pas."

Où habitez-vous actuellement ?

"Je n'ai pas de seconde résidence et je n'ai pas de première non plus, puisque je vis dans la maison de ma femme, qui lui appartient."

Que faites-vous avant d’aller dormir ?

"La dernière chose que je fais avant d'aller dormir ? Soit je lis, soit je joue à des jeux, soit on discute."

Pratiquez-vous un sport ?

"Je fais un petit peu de sport, principalement des sports de raquettes, comme le ping-pong et le padel."

Avez-vous des croyances religieuses ?

"Je ne crois pas en Dieu."

Qui a eu le plus d’impact sur votre vie ?

"Une personne qui a changé ma vie, c'est ma femme. Notamment, elle m'a appris à déléguer, puisque après sept années sans prendre de vacances, ne fût-ce qu'un jour par an, elle m'a forcé à aller en Mongolie pendant trois semaines, il n'y avait pas de connexion Internet là-bas. Et ça m'a appris à déléguer, parce que quand je suis revenu, je me suis rendu compte que l'entreprise tournait toujours bien sans moi."

Quels ont été les moments les plus difficiles de votre carrière ?

"Alors le moment le plus difficile de mon existence... En fait c'est plusieurs. C'est les moments où j'étais au bord de la faillite. Il y en a eu pour sept années, pas de suite, deux ans par six, trois ans, deux ans. Mais c'est des moments très difficiles, puisqu'on ne dort plus la nuit, on doit travailler deux fois plus. En plus de faire rentrer l'argent, il faut gérer le stress, travailler sur la stratégie et pivoter, puisque si on n'a plus d'argent, c'est qu'il y a quelque chose qui va mal. C'est assez dur de cumuler tout ça ensemble."

Si vous pouviez changer quelque chose dans votre parcours, que feriez-vous autrement ?

"Ce que je voudrais refaire autrement, c'est communiquer sur le business model de la société. J'ai déçu beaucoup de gens, parce que j'ai dû pivoter, parce que j'étais trop au bord de la faillite. J'ai construit un modèle open source, avec un logiciel gratuit open source, et j'ai construit une communauté sur cette vision du gratuit. Sauf que j'ai dû changer d'avis après quelques années, parce que le business model ne tournait pas, ne marchait pas. Et donc j'ai continué à faire l'open source, parce que c'est ma passion, mais seulement 80 % et j'ai rajouté 20 % de fonctionnalités payantes pour survivre. Bien sûr, j'ai déçu beaucoup de monde. Si j'avais communiqué plus efficacement, en leur disant 'aujourd'hui on est open source, mais demain, il y aura peut-être des payants parce qu'il nous le faut pour survivre', la communauté nous aurait suivi, je ne les aurais pas déçus."

Quel est votre plus grand rêve ?

"Quel grand rêve je souhaite réaliser ? C'est ce que je suis en train de faire. Odoo, c'est la manière pour moi de mettre mes deux passions ensemble. Je suis développeur, j'adore ça. Je suis aussi passionné de gestion, donc je lisais beaucoup de livres sur la gestion d'entreprise. Et Odoo, ça a été la manière de mettre les deux ensemble : des logiciels de gestion pour les entreprises."

Êtes-vous heureux ?

"Je pense que je suis un des entrepreneurs les plus heureux parce que j'adore ce que je fais. Je n'ai pas l'impression de travailler. J'ai un impact dans le monde, ça change vraiment la vie des gens au travail. Ils sont beaucoup plus efficaces, moins de problèmes et c'est gai. J'aime ce que je fais. Ça a de l'impact et je le fais à grande échelle, que rêver de plus ?"

Comptez-vous diriger Odoo toute votre vie ?

"Est-ce que je dirigerai Odoo toute ma vie ? Oui, probablement, parce que je n'ai rien de mieux à faire. Il n'y a rien de mieux avec autant d'impact qui me passionne, qui transforme les gens. Il faut imaginer que les gens passent un tiers de leur temps au bureau. Donc faire des outils pour que ces gens puissent travailler mieux et plus efficacement, c'est vraiment important."

Que ferez-vous lorsque vous arrêterez de travailler ?

"Ce que je ferai quand je ne travaillerai plus ? C'est difficile à dire parce que je ne sais pas les capacités du corps, mais probablement que je serai mort."

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