Partager:
Appuyé sur ses béquilles, José da Costa Guterres affronte la chaleur étouffante du Timor oriental, se frayant un chemin à travers la foule pour se rendre à la gigantesque messe en plein air du pape François, à une heure et demie de marche.
Quelque 600.000 fidèles, selon le Vatican, citant des chiffres des autorités locales, soit presque un habitant sur deux de cet petit Etat insulaire, ont assisté mardi à la célébration sur une vaste zone côtière de la capitale Dili, sous une chaleur tropicale accablante qui n'a pas semblé gêner le pape de 87 ans.
Malgré une blessure à la jambe lors d'un récent accident de voiture, M. Guterres n'aurait pour rien au monde manqué cet évènement historique. "Je suis très heureux aujourd'hui parce que je ressens une émotion que je n'avais jamais ressentie auparavant", confie cet homme de 49 ans. "J'ai l'impression que le Christ est dans mon cœur".
Depuis l'arrivée du pape, la ville déborde d'euphorie, avec des dizaines de milliers de fidèles massés sur plusieurs km le long des routes, sur les arbres ou les toits pour apercevoir le convoi du pape.
Un enthousiasme qui témoigne de l'importance de cette visite dans ce pays indépendant depuis 2002 où 98% de la population est catholique et où l'Eglise jouit d'une forte influence dans de nombreuses sphères de la société.
- "Attention aux crocodiles!" -
La place Taci Tolu, où se tient la messe, s'étend entre la mer et les montagnes. L'esplanade est recouverte d'une marée de parapluies jaunes et blancs ornés des armoiries du Vatican, utilisés par les fidèles pour se protéger du soleil de plomb.
Milena Soares Abrantes est arrivée avec six heures d'avance pour avoir une place au plus près de l'imposant autel qui fait face à la foule.
Cette visite est "très importante pour les Timorais car nous faisons face à beaucoup de difficultés" et à "de nombreuses inégalités dans la vie, dans l'économie", confie cette Timoraise de 53 ans, vêtue du T-shirt blanc officiel de la visite.
"Notre pape François nous rappelle toujours d'être unis et aussi (…) d'être plus concentrés sur notre vie, de manière simple dans notre attitude", ajoute-t-elle.
Le "Timor Leste", un des pays les plus pauvres du monde, souffre d'une corruption endémique, de graves violences sexistes et domestiques et le travail des enfants reste monnaie courante.
Sur l'esplanade, le lieu même où Jean-Paul II a célébré une messe lors de l'unique visite papale précédente en 1989, alors que le pays était encore sous occupation indonésienne, les pompiers arrosent la foule à l'aide de lances à eau en guise de rafraichissement.
En attendant l'arrivée du pape, le Premier ministre, Xanana Gusmao, a distribué de l'eau à des danseurs. Pendant la messe, une fidèle s'effondre sous la chaleur, aussitôt évacuée par les services médicaux sur une civière.
"Il fait très chaud mais ce n'est pas un problème pour nous, nous venons à Taci Tolu pour prier pour le pape François. Je veux la bénédiction du pape", lance Cecilia Saniza, 29 ans, arrivée dès l'aube.
Au terme de la messe, le pape s'autorise quelques mots improvisés: "Faites attention, car on m'a dit que des crocodiles viennent sur certaines plages. (...) Restez loin de ces crocodiles parce qu'ils mordent, et ils mordent beaucoup", lance-t-il, provoquant l'hilarité de l'assemblée.
"Viva Papa Francesco!", scande la foule à la fin de la cérémonie à mesure que la lumière s'adoucit au coucher du soleil, en attendant le passage du Saint-Père à bord de sa "Papamobile" pour bénir la foule.
Selon le colonel Domingos Soares, commandant de l'armée du Timor oriental, 4.000 militaires et policiers ont été déployés pour sécuriser les lieux.