Accueil Actu Belgique Justice

Surpopulation carcérale: un détenu sur 20 libéré plus tôt que prévu

Face à la surpopulation des prisons belges, l'administration pénitentiaire a décidé de prolonger sans limite les congés pénitentiaires de plusieurs centaines de détenus. 

La Belgique compte aujourd'hui 12 800 détenus pour seulement 11 000 places en prison, un taux de surpopulation qui dépasse désormais 15 %, contre 11 % en 2018.

Cette situation conduit à des conditions de détention indignes : près de 200 prisonniers sont contraints de dormir à même le sol.

L’administration pénitentiaire, débordée, a pris des mesures radicales. Depuis mars, un détenu sur 20 a bénéficié d’une libération anticipée ou d’un congé pénitentiaire prolongé.

Mais ces mesures concernent uniquement certains profils, jugés les moins dangereux.

Une saturation totale

Grégory Wallez, secrétaire fédéral du CCSP Prison, ne cache pas son inquiétude: "En 30 ans de carrière, je n'ai jamais connu une telle situation. Là, vraiment, on est au pointde saturation. On ne sait plus quoi faire au sein des établissements".

En 30 ans de carrière, je n'ai jamais connu une telle situation

Pour tenter de désengorger les prisons, le ministre de la Justice a décidé, il y a six mois, de prolonger certains congés pénitentiaires, permettant de libérer temporairement des places.

Mais selon Grégory Wallez, cette stratégie montre ses limites: "Ça ne change pas grand-chose parce que ce sont des détenus qui reviennent. On doit trouver d'autres solutions sur les fins de peine ou sur la détention préventive. Mais là, il faut débattre avec la magistrature et ça devient plus compliqué".

Délibération anticipée

En 2020, lors de la pandémie de Covid-19, des mesures exceptionnelles avaient déjà été mises en place pour limiter la surpopulation carcérale.

Vincent Van Quickenborne, ancien ministre de la Justice, explique: "On a proposé de prolonger les mesures qu'on a prises pendant la période Corona, c'est-à-dire une possibilité de délibération anticipée de six mois avant la fin de la peine. Dans ce cas-là, c’est le directeur local qui en décide".

Cependant, ces initiatives ponctuelles n’ont pas suffi à endiguer la crise. Malgré l’inauguration de la prison de Haaren il y a deux ans, ajoutant 1 200 places, le problème persiste.

Les espoirs d’éradiquer la surpopulation carcérale s’éloignent alors que les prisons continuent de se remplir.
 

À lire aussi

Sélectionné pour vous