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Assiégée par l'armée israélienne, Jabalia, dans le nord de Gaza, vit une "tragédie"

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Omar AL-QATTAA

Debout dans les ruines de ce qui fut sa maison à Jabalia, Nidal al-Arabid pleure la mort de plus de dix membres de sa famille dans les bombardements israéliens, alors que l'étau se resserre sur le nord de la bande de Gaza.

"Toute ma famille est tombée en martyr lorsque les avions de guerre israéliens ont bombardé notre maison sans aucun avertissement", dit le quadragénaire.

"Ils ont détruit toutes les maisons de notre quartier et beaucoup ont été tués, y compris onze membres de la famille voisine, les Sayed, des femmes, des enfants et des personnes âgées", ajoute M. Arabid, qui travaillait comme journalier avant que la guerre n'éclate.

Depuis le 6 octobre, Israël mène une vaste offensive aérienne et terrestre dans le nord de la bande de Gaza, notamment à Jabalia, zone où, selon elles, les membres de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas et tentent de reconstituer leurs forces.

"Ce qui se passe à Jabalia est un désastre et une véritable tragédie", déplore M. Arabid.

Mardi, un journaliste de l'AFP a vu des hommes, des femmes et des enfants quitter leur quartier avec leurs affaires parfois dans des voitures, mais aussi sur des charrettes tirées par des ânes, des vélos ou même en les portant sur leur tête.

Dans le quartier Saftaoui, où s'entassent des fragments de foyers bombardés, des hommes tentent d'extraire une personne coincée sous les décombres. Dans une autre rue, un enfant escalade les blocs de ciment de sa maison détruite, cherchant ce qu'il peut récupérer.

- "Sans pitié" -

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Omar AL-QATTAA

La Défense civile de Gaza a déclaré mardi qu'au moins 69 personnes avaient été tuées lors de l'opération militaire à Jabalia, précisant que de nombreuses autres restaient piégées sous les maisons effondrées.

L'armée dit viser "les terroristes retranchés dans les zones civiles", accusant les combattants du Hamas d'empêcher les habitants de s'éloigner de la zone de combat.

Déplacée sept fois depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, Soraya Assaliya a quitté Beit Hanoun (nord) au début de l'offensive sur cette partie du territoire mais explique à l'AFP que son mari reste "piégé".

"Il est coincé dans l'école de filles de Jabalia, qui se trouve en face d'un cimetière", raconte Mme Assaliya, une femme au foyer de 40 ans. "Il y a des chars et il est impossible pour (les personnes réfugiées dans l'école) de partir."

Dans les quartiers de voisins, les habitants racontent les mêmes expériences de bombardements de maisons ou d'abris, quittés à la hâte, et des flots de centaines de personnes se retrouvant chaque jour sans savoir où aller.

"Toute la zone a été réduite en cendres", affirme Rana Abdel Majid, 38 ans, originaire d'al-Falouja, en bordure de Jabalia.

"Les enfants pleurent, ils sont terrifiés par ces bombardements aveugles et sans pitié, c'est une extermination collective", dit-elle. "Si le siège se poursuit encore deux jours, nous allons mourir de faim."

- "Plus d'espoir" -

L'armée israélienne a dit mardi qu'elle facilitait le transfert de l'aide humanitaire dans le nord du territoire, y compris l'approvisionnement des hôpitaux en carburant et le transfert des patients d'un établissement à l'autre au sein de la bande de Gaza.

L'AFP n'a pas été en mesure de confirmer avec des habitants ou des organisations d'aide internationale la mise en place de ces mesures sur le terrain.

L'armée a également indiqué que 30 camions transportant de la farine et de la nourriture du Programme alimentaire mondial étaient entrés dans le nord de la bande de Gaza par le point de passage d'"Erez-Ouest" lundi.

Mais Heba Morayef, directrice régionale d'Amnesty International, juge que l'armée israélienne "force les civils à choisir entre la famine et le déplacement, alors que leurs maisons et leurs rues sont pilonnées sans relâche par les bombes".

Plus tôt mardi, un responsable du Comité international de la Croix-Rouge à Gaza, Adrian Zimmerman, déplorait que les hôpitaux soient soumis à une "pression immense" face à des demandes croissantes et manquent de fournitures médicales.

Mme Assaliya raconte se coucher avec le sentiment que ses enfants ne se réveilleront pas le lendemain.

"Il n'y a plus d'espoir", dit-elle, "le monde entier nous a tourné le dos".

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