Partager:
Les chances d'aboutir à un consensus historique sur la prévention et la lutte contre les pandémies s'estompaient vendredi à Genève, à quelques heures de l’échéance fixée par les négociateurs.
Après d'innombrables heures de discussions et de marchandages acharnés, le chronomètre déclenché il y a deux ans doit s'arrêter ce 10 mai, si le calendrier -déjà prolongé- est respecté.
Le souvenir des millions de morts, de la souffrance, des injustices et des immenses dégâts économiques de la pandémie de Covid-19, qui avait incité les 194 pays membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à se lancer dans l'aventure, s'efface progressivement.
Et de profondes divergences sont rapidement apparues sur ce que prévenir et combattre les pandémies veut dire. Les lignes de fracture n'étaient toujours pas comblées à l'aube vendredi.
Le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, se voulait encore optimiste mercredi quant à la conclusion d'un accord qui serait formellement adopté lors du rassemblement annuel des pays membres de l'OMS, qui se déroule du 27 mai au 1er juin à Genève.
- Date de péremption -
Les négociations "se termineront plus tard dans la journée", a indiqué une porte-parole de l'OMS, Margaret Harris, rappelant qu'"au cours des deux dernières semaines, les négociateurs ont eu des discussions approfondies sur de multiples aspects de l'accord proposé, se réunissant souvent jusqu'aux petites heures du matin".
"Les Etats membres poursuivent aujourd'hui leurs discussions pour réaliser le plus de progrès possible" mais "les prochaines étapes seront également discutées aujourd'hui et seront annoncées plus tard dans la journée", a précisé la docteur Harris. A l'Assemblée de faire le point sur l'état des négociations.
Pour arrondir les angles le projet d’accord actuellement négocié envisageait déjà de retarder l'examen des aspects les plus délicats. Cela permettrait à l'AMS d’essayer de maintenir le processus en vie si les négociateurs n'arrivent pas s'entendre.
- Status quo -
Les ONG, qui suivent les négociations sur place, craignent que la volonté des pays d'afficher un résultat ne l'emporte sur celle d'arriver à de véritables progrès.
"Nous leur disons: ne soyez pas sous pression pour céder sur l'équité parce que vous avez besoin de fournir un accord", explique K. M. Gopakumar, chercheur principal à l'ONG Third World Network.
"Faire des compromis juste pour pouvoir faire une photo de famille"serait "une trahison des aspirations des gens et de leur droit à la santé", souligne-t-il.
Chacun des 37 articles du projet de texte en discussion a été examiné séparément, les négociateurs nationaux se répartissant en groupes de travail pour tenter de parvenir à un consensus.
Même si un accord général a été trouvé sur certains articles – sans les entériner formellement – les aspects essentiels se sont révélés les plus difficiles à négocier.
Et chaque nuance compte. Le projet d'accord proposait de donner à l'OMS un accès en temps réel à 20% de la production de produits de santé liés à une pandémie, tels que les vaccins, mais certains pays --notamment des producteurs de ces produits -- jugent ce seuil trop élevé.
D'autres différends majeurs concernent l'accès aux agents pathogènes à des fins de recherche et plus généralement aux moyens de produire tests, traitements et vaccins, outre leur distribution équitable.