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En France, le Premier ministre Michel Barnier est dans une passe difficile alors qu'il essaie de faire voter son budget. Une dernière solution semble se dessiner : l'imposer.
"Quand je vois ce qu'il s'est passé à l'Assemblée", "il me semble difficile de faire autrement au bout de la discussion". Voilà ce qu’a déclaré le Premier ministre au quotidien Ouest-France. Si ce n’est pas un échec, c’est au moins une déception. Michel Barnier, vieux briscard de la politique, rompu aux compromis notamment grâce à son expérience de négociateur du Brexit, pensait pouvoir arrondir les angles.
Son objectif était de faire adopter son budget à la régulière, comme cela se fait dans la plupart des pays européens. Mais les députés français, toujours marqués par la culture majoritaire, ont transformé le débat en combat. La gauche notamment a fait voter un grand nombre d’amendements qui ont profondément modifié le projet, et lors du vote, la première mouture a été retoquée.
Le travail parlementaire va se poursuivre, le budget va passer au Sénat, où le gouvernement dispose d’une majorité claire, le Sénat va rétablir le texte initial, qui sera remodifié par l’Assemblée et au final, d’après la Constitution, c’est elle qui a le dernier mot.
Bref, Michel Barnier est coincé et il va être obligé, à son corps défendant, de sortir sa bombe atomique : le 49.3. Cet article permet d’adopter une loi sans vote. La seule possibilité pour l’opposition est de déposer une motion de censure qui, si elle était votée, aboutirait au renversement du gouvernement. En clair, Barnier risque sa peau. Si la gauche et le Rassemblement National unissaient leurs voix, il serait renversé. Sa chance, c’est que personne ne veut vraiment sa chute. Comme il ne peut pas y avoir de dissolution avant juin prochain, Emmanuel Macron pourrait le renommer ou trouver un autre Premier ministre qui recommencerait le processus.
Pas d'intérêt à faire tomber Barnier ?
Mais la France a besoin d’un budget. Alors, le 49.3, pourquoi pas ? Tout le monde sauverait la face. Maintenant quel avenir pour ce Premier ministre minoritaire ? N'est-il que le chef d’une équipe intérimaire, qui sera dissoute en juin ? En-tout-cas lui ne veut pas l’accepter et il a récemment réuni ses ministres pour évoquer les trois prochaines années. Traduction : il entend rester en poste jusqu’à la présidentielle de 2027, et je pense que c’est tout à fait possible.
Au fond, quel intérêt aurait l’opposition à provoquer des législatives en juin 2025, 18 mois à peine avant l’échéance cruciale ? Les candidats vont émerger, les écuries se mettre en place. L’objectif principal, c’est l’Élysée, la place de Macron. Flinguer Barnier, ce serait lâcher la proie pour l’ombre !