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En France, le Premier ministre affrontera ce mardi après-midi à l'Assemblée nationale une première motion de censure déposée par la gauche. Cette censure est vouée à l'échec en l'absence de soutien du Rassemblement National qui restera neutre. Mais Michel Barnier est conscient que son gouvernement ne tient qu'à un fil.
La motion sera défendue à 16h30 par Olivier Faure, le patron du Parti Socialiste, au nom de toute la gauche. Sa justification ? La négation du résultat des législatives qui auraient dû, selon le Nouveau Front Populaire, aboutir à la nomination de Lucie Castets. Mais le président Macron en a décidé autrement, persuadé que la candidate de gauche n'aurait pas survécu à une motion de censure. On verra si Michel Barnier fait mieux. Mais a priori, les jeux sont faits. Il prendra la parole après Olivier Faure, s'en suivra un débat, puis un vote. Et là, c'est mathématique. Si tous les députés de gauche votent la censure, elle recueillera 192 voix, alors que la majorité s'établit à 289.
Michel Barnier doit trouver 60 milliards d'euros
Seul un apport des 141 députés du Rassemblement National permettrait de renvoyer Barnier dans ses foyers. Mais les troupes de Marine Le Pen ont déjà annoncé qu'elles s'abstiendraient. Elles préfèrent attendre les premières mesures du gouvernement et surtout le détail de son budget qui sera présenté jeudi. Michel Barnier doit trouver 60 milliards d'euros, 40 milliards d'économies et 20 milliards de recettes. Au menu, diminution du nombre des fonctionnaires, combinée à une augmentation des impôts pour les particuliers et les entreprises les plus riches.
Mais, même si la censure est rejetée, ce sera l'occasion pour Michel Barnier de mesurer la réalité de ses soutiens. Il n'est pas exclu que certains macronistes, déçus de sa nomination, s'abstiennent. Quelques indépendants pourraient également voter la censure. Côté socialiste, on réfléchit déjà à l'avenir. Et les sociodémocrates, réunis autour de François Hollande, ne voteront pas forcément comme un seul homme, ouvrant la porte, un jour peut-être, à une alliance qui réunirait la gauche modérée et le centre.
"Je suis dans les mains du parlement"
On n'en est pas encore là. Mais ce week-end, l'ancien président de la République a appelé au remplacement de la direction actuelle du parti lors du congrès qui aura lieu début 2025. Après plus de 60 ans de régime majoritaire, où l'Assemblée n'était en gros qu'une chambre d'enregistrement, les partis redécouvrent les saveurs du débat des tractations et des repas chez Lipp, la célèbre brasserie de Saint-Germain-des-Prés, où se tramaient dans l'arrière-salle les coalitions d'autrefois. Même si ça se passera bien aujourd'hui, vieux briscard Michel Barnier sait que son gouvernement ne tient qu'à un fil. "Je suis", a-t-il dit dimanche, "dans les mains du parlement".