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Signé Giltay - élections législatives anticipées en France: "Macron aime bien jouer au président"

Emmanuel Macron doit tenir ce mardi après-midi une conférence de presse, deux jours après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale et la convocation d'élections législatives anticipées, pour lesquelles le RN appelle au "rassemblement", en visant notamment LR, et la gauche au "front populaire", avec des candidatures communes dans chaque circonscription.

Le calendrier politique s'accélère en France, alors que la gauche a formé hier un front populaire pour empêcher la victoire du Rassemblement National aux législatives, Emmanuel Macron tiendra aujourd'hui une conférence de presse pour préciser le projet de son parti. Il ne confiera à personne d'autre le soin de mener la bataille. 
 
La stratégie d'Emmanuel Macron repose sur deux éléments, la surprise et la vitesse. La surprise, c'était dimanche soir quand il a annoncé la dissolution. Surprise totale, y compris dans son camp. Seule une poignée de fidèles, dont Gabriel Attal, en avait discuté avec lui en début de soirée. 
 
 
Le Premier ministre, opposé à cette décision, avait proposé de se sacrifier en démissionnant. "Je suis le fusible", aurait-il dit. Mais, Macron voulait frapper un grand coup. 
 
Deuxième élément, la vitesse. En limitant la campagne à trois semaines, il espérait empêcher ses adversaires de s'organiser. Les candidatures devront être déposées dimanche soir au plus tard. Or, il y a 577 circonscriptions en France et généralement, les partis mettent des semaines à choisir qui les représentera. Mais pas cette fois. Le RN était déjà prêt et a travaillé toute la nuit de dimanche à lundi. Et la gauche, pourtant divisée, a reformé hier un Front populaire qui présentera à chaque fois un seul candidat, issu dans les quatre partis PS, LFI, communistes et écologistes. 
 
Quant aux Républicains, ils ont refusé, avant les Européennes, la main tendue par le camp Macron. Cette dissolution est aussi une manière de les punir. 
 
Les premiers sondages donnent le RN en tête avec 34% devant la gauche unie, 22%. Et le parti présidentiel Renaissance, 19%. Mais c'est une élection à deux tours et il faut trouver des forces supplétives pour passer les 50% au second tour. Actuellement, les projections accordent au mieux 265 députés au RN. Mais il en faut 289 pour obtenir la majorité. Or, à part Marion Maréchal qui a rencontré Jordan Bardella hier, le parti d'extrême droite n'a pas d'allié. Et c'est là qu'Emmanuel Macron pense pouvoir, une fois de plus, jouer le rassembleur en fédérant derrière lui tous les opposants à Marine Le Pen, quitte à retirer ses propres candidats en faveur d'un autre représentant de ce qu'il appelle l'arc républicain, gauche ou droite modérée. 
 
Mathématiquement, c'est jouable, même si après, il lui faudra nommer un gouvernement issu de cette majorité composite unie par le seul rejet de l'extrême droite. Mais ça ne lui pose pas, visiblement, de problème. 
 
Dans la constitution française, c'est le président qui a la main et il aime bien jouer au président. Si ça marche, on criera au génie. Si ça ne marche pas, il cohabitera ou il démissionnera. Mais ça, c'est une autre histoire.

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