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La chaîne C8, avec son émission phare "Touche pas à mon poste", a été éjectée de la TNT et cela pourrait avoir des conséquences politiques.
C’est un coup de tonnerre dans l'audiovisuel français. L'autorité de régulation des médias a refusé de renouveler l'autorisation d'émettre de la chaîne C8. En cause notamment, l'émission de Cyril Hanouna, "Touche pas à mon poste".
Jamais dans l'histoire de la télévision française, on avait suspendu une chaîne pour non-respect de son cahier des charges.
Par le passé, des chaînes ont cessé d'émettre, comme la 5 et plus récemment France Ô, mais c'était pour des raisons financières ou stratégiques. Or, c'est bien le contenu de C8, chaîne de divertissement du groupe Canal+, qui est en cause. L'émission phare de la chaîne "Touche pas à mon poste" réalise depuis des années des audiences très importantes, aujourd'hui de l'ordre de 1,5 million de téléspectateurs par jour. Mais ce chiffre est monté à plus de 2 millions pendant la présidentielle de 2022. Il faut dire que Cyril Hanouna ne recule devant aucune outrance. Provocations, sexisme, homophobie, libres paroles laissées à l'extrême droite, insultes ou harcèlement de ses chroniqueurs à l'antenne, la chaîne a été condamnée de nombreuses fois pour un total de 7,5 millions d'euros.
Mais cette fois, elle est carrément éjectée de la TNT. En clair, elle ne pourra plus être captée par antenne. Or, environ 20% des Français ne disposent ni du câble, ni du satellite, ni d'une box d'internet. La chaîne pourra continuer à émettre sur tous ses supports, mais pas sur la TNT. Elle pourrait donc perdre un cinquième de son audience.
Pour autant, il n'est pas dit que "Touche pas à mon poste" va disparaître. L'émission pourrait être diffusée sur une autre chaîne du groupe Bolloré, pourquoi pas en clair sur Canal+. De surcroît, ce programme n'appartient pas à C8, mais à une société de production privée, qui pourrait, le cas échéant, le proposer à d'autres chaînes.
En revanche, Hanouna ne passera pas sur CNews, la chaîne toute-info de Bolloré, souvent attaquée pour ses positions très à droite. Le groupe a rappelé qu'il s'agissait d'une chaîne d'information émettant en direct. Or, depuis deux ans, à cause de ces outrances, l'émission d'Hanouna était diffusée en différé.
Maintenant, quelles vont être les conséquences politiques de la décision de l'ARCOM, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, l'ex-CSA? Déjà ce matin, le Figaro dénonce une sorte de censure, et fait le parallèle avec le résultat des élections législatives. Sur le thème, "on a privé dix millions de Français des résultats de leur vote, et maintenant on leur supprime leur émission favorite. Scandale".
Emmanuel Macron souhaitait une trêve olympique. C'est pas encore tout à fait ça.