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Ancien addict au chemsex, Xavier a réussi à guérir. Cette pratique, qui consiste à avoir des relations sexuelles sous l'emprise de la drogue, peut avoir des effets tout à fait désastreux sur la santé et la vie de ses pratiquants.
Pendant 10 ans, de ses 30 ans à ses 40 ans, Xavier a sombré dans ce qu'il décrit comme "un sujet d'actualité brûlant" : le chemsex. Ce mot est la contraction de "chemicals" (produits chimiques, en anglais) et "sexe". Cette pratique consiste à avoir des relations sexuelles exclusivement sous l'effet de drogue et a connu une forte hausse de popularité en période de confinement.
"L'addiction s'installe très sournoisement parce qu'au départ, c'est une recherche de plaisir. Et à force de répétition, ça devient une vraie habitude", témoigne Xavier. "Et à partir d'à peu près un an à deux ans, c'est devenu une fois par semaine environ. C'était mon activité préférée du week-end ou alors de sortie, quand je travaillais le soir. Je rentrais, je faisais ça."
Aujourd'hui, cela fait plus de trois ans que Xavier est sobre. Son chemin de guérison fut long et parsemé de rechutes. "J'avais envie de me suicider en fait. Je suis monté sur le toit et j'ai voulu sauter. J'étais en train, dans mon délire, de suivre des signes. J'ai traversé tous les toits jusqu'à aller de l'autre côté des immeubles ici. Et finalement, je suis tombé chez quelqu'un qui a appelé la police. Et donc la police m'a de nouveau emmené aux urgences", confie-t-il.
La police était, à l'époque, le seul moyen de se sevrer. Une situation qui n'étonne pas la sexologue Marguerite-Marie André-Dumont. "Le chemsex a permis énormément de rencontres beaucoup plus intenses, beaucoup plus vite et beaucoup plus fortes. Et donc, les gens qui essaient d'échapper à une solitude vont se retrouver encore plus seuls juste après. Ils vont ainsi faire des descentes, des montées de descentes. À ce niveau-là, c'est aussi très négatif pour eux, car ils vont avoir des psychoses, ils vont avoir des dépressions, des moments d'anxiété."
Savoir s'écouter
"Il faut l'univers tout entier pour pouvoir y arriver", affirme Xavier. "La toute première étape, ça va être de reconnaître qu'il y a un problème et qu'on va avoir besoin d'aide. La deuxième étape, ça va être d'écouter. Sans cette écoute-là, ce n'est pas possible de s'en sortir. Parce que tant que je crois que 'oui, non, en fait, ça va, je gère, je vais y arriver tout seul', ça ne va jamais être possible. En fait, ça, c'est mon ego qui parle."
Fort de son vécu, Xavier a écrit un livre et lancé une chaîne YouTube avec lesquels il espère provoquer le déclic chez ceux qui en ont besoin. Pour contrer le tabou autour du chemsex et de l'addiction, le quarantenaire a choisi l'humour. "Il y a une vie tout à fait épanouissante après", assure-t-il.
Une affirmation qui peut avoir du mal à faire écho chez certains addicts, comme le confirme Marguerite-Marie André-Dumont : "Souvent, les patients nous disent que c'est compliqué de se retrouver dans une relation sexuelle normale, sans drogue. C'est pour ça que beaucoup de patients continuent de garder certains moments où ils prennent quand même la drogue, parce que c'est quelque chose qui les transcende et dont ils sont vraiment en recherche. Donc ils doivent vraiment réapprendre à avoir des émotions et à avoir des sensations."
De l'aide existe
En plus des vidéos et du livre de Xavier, d'autres aides sont à portée des chemsexeurs qui le souhaitent. L'asbl Ex-aequo est l'une des seules à proposer ce type d'aide à Bruxelles. Pour Arturo Maezzo, psychologue à l'asbl, "il faut vraiment faire attention à ne pas juger et stigmatiser la pratique du chemsex comme quelque chose qui serait de l'ordre d'une perversion ou de quelque chose de similaire. Mais il faut bien comprendre que, du moment qu'il y a quelqu'un qui vient consulter un professionnel de la santé mentale, ça veut dire qu'il y a d'autres dimensions qu'il faut aborder et qui ne sont pas forcément toujours liées à la pratique du chemsex en général."