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Lors du tsunami de 2004 en Asie, parmi les Belges présents sur l’île de Phuket, il n’y avait pas que des touristes. Il y avait également des expatriés, qui y vivent toujours. Nous sommes allés à leur rencontre pour évoquer avec eux les souvenirs, parfois bien enfuis, de cette tragédie. Ils reviennent sur "leur" tsunami. L’occasion aussi pour nous de voir comment des aménagements sur place permettront, à l’avenir, de limiter le nombre de victimes.
Thierry est originaire de Dinant. Cet agent de voyage vit au sud de l’île de Phuket depuis plus de 30 ans. Le 26 décembre 2004, il sort acheter de la nourriture pour sa femme et sa fille qui l’attendent à la maison. Soudain, il entend des cris... "Tout le monde criait 'talema talema, paleo paleo'. Comme je comprends le thaï, je suis allé vérifier si c’était vrai, si la mer arrivait vraiment. Je n’y croyais pas... mais en fait, elle arrivait !"
C'est vraiment atroce à voir
Après avoir mis sa famille en sécurité, Thierry se mobilise pour aider les ambassades et met sa flotte de véhicules à leur disposition pour transporter les victimes.
Cette collaboration le conduit jusqu’à Kao Lak, la station balnéaire la plus durement frappée par le tsunami, dont les images, 20 ans plus tard, le hantent encore. "Tous les corps étaient dans le virage, il y en avait une centaine… des bébés notamment. On ne pouvait pas dire si c’étaient des Thaïs, des Français, ils étaient gonflés, mauves, bleus... c’était vraiment atroce à voir," raconte Thierry.
Olivier, lui non plus, n’oubliera jamais cette matinée du 26 décembre 2004. À l’époque, ce Bruxellois vivait sur les hauteurs et son restaurant se trouvait à 400 mètres de la mer. En se dirigeant vers la plage, il réalise l’ampleur du drame. "Là, on comprend. On voit un bus encastré dans un hôtel, une voiture aussi... Tout est détruit, la route de la plage de Patong, c’était un vrai désastre."
Maintenant, je sais ce que c'est un tsunami
Il a fallu trois mois pour reconstruire et relancer le tourisme. Pas une fois Olivier n’a envisagé de quitter la Thaïlande. "On ne vit pas avec cette peur. Cela ne veut pas dire que ça ne peut pas arriver, mais non... On vit normalement. C’est vrai que si je voyais la mer se retirer demain, je partirais vite dans l’autre sens. Maintenant, je sais ce qu’est un tsunami."
Aujourd’hui, sur toutes les plages de Phuket, des tours équipées de haut-parleurs sont reliées à des bouées sismiques au large des côtes. Partout, des panneaux bleus indiquent la route à suivre en cas d’alerte pour se mettre à l’abri. Même si la nouvelle génération de touristes semble avoir oublié...
Les plus anciens, eux, se souviennent, mais ne sont pas inquiets. "Je suis venu ici de nombreuses fois et je me sens en sécurité. Il y a des tours d’alerte qui envoient un signal si un tsunami arrive. J’espère que tout se passera bien."
Selon les modèles disponibles, le risque de tsunami en Thaïlande est aujourd’hui modéré. Mais les experts sont certains qu’un séisme aussi puissant qu’en 2004, voire plus, se produira de nouveau un jour.