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Sans majorité, la France plonge dans la plus grande "confusion": qui va gouverner le pays?

L'Assemblée recomposée, qui pour gouverner? Après la surprise des législatives anticipées qui ont nettement freiné la déferlante Rassemblement national, la France se cherche une majorité parlementaire. Un casse-tête pour l'union de la gauche, fragile malgré sa première place, et une macronie en recul.
 

Le verdict des urnes a parlé, mais les incertitudes demeurent plus que jamais. Ni le Nouveau Front populaire (autour de 190 sièges), ni le camp présidentiel (autour de 160 sièges), ni le RN et ses alliés (plus de 140 sièges) ne peuvent atteindre, seuls, les 289 députés nécessaires à la majorité absolue.

A trois semaines des Jeux olympiques de Paris, le Premier ministre sortant Gabriel Attal doit remettre dans la matinée sa démission à Emmanuel Macron, même s'il s'est dit prêt à rester à Matignon "aussi longtemps que le devoir l'exigera" dans le contexte des JO.

La prise de position du président de la République est elle aussi très attendue, car c'est lui qui dispose du pouvoir de nomination du Premier ministre. Ce processus pourrait prendre beaucoup de temps, dans l'attente d'un accord hypothétique entre plusieurs forces politiques sur un candidat pour Matignon et sur un programme. A moins qu'il n'opte pour un gouvernement technique sur le modèle italien, ou sur son équipe sortante pour expédier les affaires courantes à court terme.

Le camp présidentiel présentera des "conditions préalables à toute discussion" en vue d'une majorité, a prévenu le patron de Renaissance Stéphane Séjourné, tandis que l'Elysée a joué la prudence, indiquant que le chef de l'Etat "attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires".

"Paradoxe institutionnel"

L'équation est quasiment insoluble. Sans une partie de la gauche, les macronistes ne pourront pas gouverner. Mais sans une partie des macronistes, le Nouveau Front populaire n'y parviendra pas non plus... Problème: le camp présidentiel a clairement fait savoir qu'il ne s'allierait pas avec La France insoumise, une hypothèse également balayée par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.

Lorgner du côté des Républicains, qui ont très bien résisté avec une soixantaine d'élus malgré le ralliement de leur chef Eric Ciotti au RN, pourrait également s'avérer peine perdue: Laurent Wauquiez, de retour sur la scène nationale avec son élection en Haute-Loire, a prévenu qu'il "n'y aura ni coalition ni compromission" de la part de LR.
"Cette alliance contre le RN aboutit à une forme de paradoxe institutionnel. Les électeurs se sont mobilisés, ont répondu à cet appel mais pour produire une France ingouvernable à ce stade", analyse pour l'AFP le politologue Martial Foucault (Cevipof).

A gauche, les dirigeants du Nouveau Front populaire sont à nouveau mis au défi de surmonter leurs divergences, au cœur d'une alliance aussi large qu'hétérogène allant de Jean-Luc Mélenchon à Raphaël Glucksmann; de l'antifa Raphaël Arnault à l'ex-président François Hollande, élu en Corrèze.

Si le rapport de force entre groupes politiques de l'ex-Nupes ont été rééquilibrés, les Insoumis restent le principal groupe à gauche, avec environ 75 députés contre une soixantaine aux socialistes, une trentaine aux écologistes et une dizaine aux communistes. Mais il faudra néanmoins compter sur les "frondeurs" en plein divorce avec LFI, comme Clémentine Autain et François Ruffin, qui ne siègeront pas avec leurs anciens collègues.

Emmanuel Macron doit "ou bien s'en aller, ou nommer un Premier ministre" issu du Nouveau Front populaire, a lancé Jean-Luc Mélenchon, inflexible. M. Glucksmann, lui, s'est montré autrement plus ouvert: "Il va falloir parler, il va falloir discuter, il va falloir dialoguer" face à cette Assemblée "divisée", a expliqué le président de Place publique.
Le programme du NFP, de l'abrogation de la réforme des retraites au Smic à 1.600 euros, paraît en effet peu compatible avec les ambitions du camp présidentiel. 

Amertume au RN

En parallèle, des discussions auront lieu pour la répartition des groupes politiques et l'attribution des postes clés de l'Assemblée nationale, avec l'élection de son futur président le 18 juillet. La sortante Yaël Braun-Pivet, réélue dans les Yvelines, continue de croire au perchoir. Au Rassemblement national, l'heure est en revanche à l'amertume, avec un score très en-deçà des projections de l'entre-deux tours, qui voyaient le parti lepéniste à la première place.

A 28 ans, le président du mouvement Jordan Bardella doit constater l'échec de son "plan Matignon", qui s'est heurté une fois de plus au "front républicain" malgré une nette progression en sièges. Mais la victoire du RN n'est "que différée" et "la marée (...) continue à monter", a espéré Marine Le Pen, toujours en lice pour l'élection présidentielle de 2027.

En attendant, les portes du Palais Bourbon ouvrent officiellement à 14H00 lundi pour accueillir une partie des 577 députés de la nouvelle législature... Tous ne seront pas au rendez-vous: les Insoumis, par exemple, ont prévu de venir ensemble mardi à 10h00.

 

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