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"On a gagné": place de la République à Paris, des milliers de personnes ont célébré dimanche soir l'arrivée en tête surprise du Nouveau Front Populaire aux élections législatives, un "soulagement" pour cette foule de gauche même si le score du Rassemblement National inquiète pour l'avenir.
A 20H00 pile, des cris de joie, de plus en plus forts, résonnent sur la place de la République où des centaines de personnes sont déjà présentes, à l'origine pour un rassemblement contre l'extrême droite.
"Ca donne de l’espoir, moi je n'ai même pas voté, je n'ai pas encore l'âge", se félicite Jihane, 17 ans, un grand sourire au visage.
Puis la foule se met à clamer haut et fort, en chœur et en tapant dans ses mains, "Siamo tutti antifascisti" (nous sommes tous des antifascistes).
"On pensait qu'on allait être en colère. Et au final on est très heureux, donc on crie notre joie. On fait des câlins à des inconnus", s'émerveille Fabio de la Fontaine, 21 ans.
A la surprise générale, l'alliance des partis de gauche est sortie en tête selon les premières estimations, devant le camp présidentiel d'Emmanuel Macron et le Rassemblement national en troisième position, aucun des blocs n'obtenant la majorité absolue.
Sur la place de la République, où l'ambiance était d'abord très bon enfant pendant plusieurs heures, les forces de l’ordre ont, au cours de la soirée, été prises à partie et ont essuyé des jets de mortiers et de projectiles, a indiqué à l'AFP une source policière.
Selon la préfecture de Police, 8.000 personnes étaient présentes dimanche soir. Des rassemblements ont également eu lieu à Bordeaux ou à Lille.
- "Jour historique" -
Place de la République, Nicolas Notis tient un large drapeau français: "La vraie France c’est celle qui combat le fascisme, c’est celle qui combat le capitalisme", martèle cet ingénieur de 28 ans.
Un immense tissu aux couleurs bleu blanc rouge du drapeau tricolore a été hissé sur la statue de Marianne au centre de la place, avec ces mots: "La France est tissu de migrations".
Doria Ducly Benglia, elle, a pleuré après l'annonce des résultats.
"On a contré le fascisme aujourd'hui, c'est un jour historique", dit le jeune femme de 29 ans. Aujourd'hui, elle se déclare heureuse pour sa tante qui a un titre de séjour, sa mère qui est venue d'Algérie et son père italien.
Drapeau ukrainien enroulé autour du corps, Antonina Gain, elle, est "extrêmement heureuse des résultats". "C'est une victoire, pour moi et pour l'Ukraine", affirme la jeune franco-ukrainienne.
"Un passage du RN en majorité aurait été une catastrophe pour la livraison d'armes et le soutien à l'Ukraine de manière générale", dit cette femme de 24 ans, assurant que l'issue du scrutin français était scruté de près dans son pays en guerre contre la Russie.
Pourtant, malgré les sourires sur les visages, les chants de victoire et le soulagement de cette foule nombreuse, souvent des jeunes, la joie reste contenue chez certains, voire "silencieuse".
Travailleur social de 61 ans, Yvan Grimaldi se dit "soulagé mais pas totalement satisfait, parce qu'on n'a pas fini de se payer l'extrême droite en France, on les a stoppés un peu mais ce n'est pas terminé".
"On se sent à moitié soulagée et à moitié effrayée parce que ça reste un score qui est quand même hyper historique", dit Elise Larcher, 19 ans, venue de Seine-et-Marne à propos du résultat du parti d'extrême droite.
"En vrai, ça fait peur, parce que j'ai l'impression qu'à chaque élection, le RN se renforce, à chaque fois, ils arrivent à trouver une brèche", déplore, de son côté, Valentine, 23 ans.
Son amie Charlotte, elle, parie sur trois ans de "bagarres infernales" en référence à l'absence de majorité absolue à l'Assemblée Nationale.
"Et ça risque de ne pas bien se terminer", dit-elle, évoquant lors de l'élection présidentielle de 2027 l'arrivée du RN au pouvoir, "potentiellement", craint-elle.
"Je pense qu'en tant que jeunes, on a cette responsabilité-là à toujours continuer à se battre", conclut Valentine.