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Le syndicat des pilotes de ligne d'Air Austral a annoncé jeudi avoir concédé une baisse de rémunération pour "sauver [leurs] emplois" dans le cadre du plan de redressement de la compagnie réunionnaise en difficultés.
"La section Air Austral du syndicat national des pilotes de ligne (...) a pris ses responsabilités" en signant avec la direction un "accord de performance collective" dans le souci de la "pérennisation de l'entreprise et pour la sauvegarde des emplois réunionnais", selon un communiqué.
Le transporteur, qui relie La Réunion à la métropole et à plusieurs destinations de l'océan Indien dont Mayotte, est un employeur local important avec plus de 800 salariés.
Pendant deux ans, les pilotes ne recevront pas de 13e mois et auront six jours de congés en moins, a précisé à l'AFP le président du SNPL Air Austral, Vivien Rousseau.
Le seuil de déclenchement des heures supplémentaires a aussi été relevé, privant "techniquement" les pilotes de la possibilité d'en engranger alors qu'elles représentent habituellement une "grosse part" de leur revenu, selon lui.
Pour "sauver nos emplois", "on va travailler plus pour gagner moins", a résumé M. Rousseau.
Le coût de l'emploi de 115 pilotes par Air Austral, estimé à 60 millions d'euros sur deux ans, sera ainsi réduit de 5,3 millions, a-t-il indiqué.
D'après les calculs du syndicat, les pilotes auront perdu "45% de leur pouvoir d'achat de 2017 à 2026".
Vivien Rousseau dénonce l'attitude de l'actionnaire majoritaire "qui a conditionné son apport d'argent frais à une baisse de 10% de la masse salariale".
Le 7 mars dernier, les actionnaires ont approuvé un plan de redressement prévoyant l'injection de 10 millions d'euros supplémentaires au capital et demandant "des efforts" au personnel.
Sortie très lourdement endettée de la crise du Covid-19, Air Austral a bénéficié de multiples aides publiques avant d'être restructurée début 2023 sur fond d'apport de capitaux privés, tandis que l'État abandonnait 100 millions d'euros de créances.
Air Austral est désormais détenue à 55% par la société RunAir, rassemblant des investisseurs réunionnais, et à 44% par la Sematra, société d'économie mixte (région, département, Caisse des Dépôts) anciennement propriétaire à 99% de la compagnie.