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Qui gouvernera la France à l'issue très incertaine des élections législatives dimanche ? La question est sur toutes les lèvres, tandis que l'idée d'un gouvernement provisoire fait son chemin, quel que soit le résultat du second tour dimanche.
A deux jours du dénouement de ce scrutin historique, lors duquel le Rassemblement national espère encore la majorité absolue, la continuité de l'Etat sera assurée, a garanti vendredi le Premier ministre Gabriel Attal, tout en restant évasif sur son sort personnel.
Le gouvernement pourrait gérer les affaires courantes "aussi longtemps que nécessaire", a-t-il dit en marge d'un dernier déplacement de campagne à Paris, semblant préparer les Français à une forme de gouvernement provisoire, le temps que le président Emmanuel Macron lui trouve un successeur à Matignon.
Reste à savoir si ce dispositif serait prolongé pendant les Jeux olympiques, qui débutent le 26 juillet et focaliseront l'attention du monde.
En attendant le verdict des urnes, Emmanuel Macron revoit ses options. Il a d'ores et déjà chargé l'ancien ministre Julien Denormandie de "regarder les hypothèses" de l'après 7 juillet, "et ce qu’elles impliquent techniquement, institutionnellement", selon deux sources proches de l'Elysée.
Sans dévoiler ses intentions, Gabriel Attal a indiqué qu'il s'exprimerait à l'issue du second tour.
- "Leçons de morale" -
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a rappelé sur BFMTV que "la coutume républicaine" après des législatives voulait que "le gouvernement démissionne".
Mais si le président lui demandait de rester "quelques heures, quelques jours de plus, le temps de former un gouvernement", il resterait pour "les affaires courantes". Même si sa "volonté" n'est pas d'être renommé place Beauvau étant donné "les conditions qui semblent se dessiner" à l'Assemblée.
Marine Le Pen a qualifié pour sa part de "sérieuses" les chances du RN "d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée", estimant que les projections en sièges "ne sont pas une science exacte".
Et elle a critiqué les "leçons de morale" du capitaine de l'équipe de France de football Kylian Mbappé qui avait appelé la veille à "voter pour le bon côté".
A l'inverse le président brésilien de gauche Lula a souligné l'importance de "garantir la démocratie" face à l'extrême droite et salué l'appel de la star du foot.
La majorité absolue pour le RN "n'est absolument pas écartée", a prévenu de son côté l'ex-tête de liste des socialistes aux européennes Raphaël Glucksmann, mettant en garde contre "la petite musique qui s'installe" sur la probabilité que le parti d'extrême droite rate cet objectif.
Gabriel Attal sur France 2 a estimé que le projet du RN "c'est l'inverse de l'apaisement dont on a besoin, ça libérerait la haine et les violences" et "entraînerait notre économie dans le mur".
- "Un pas vers l'autre" -
Plusieurs sondages donnaient vendredi au RN et à ses alliés une majorité relative en érosion: 200 à 230 sièges pour Elabe, 205 à 230 pour OpinionWay, 175 à 205 pour Ipsos, 170 à 210 pour Ifop, 185 à 215 pour Harris Interactive, une progression spectaculaire par rapport aux 88 députés RN sortants mais insuffisante pour atteindre seul la majorité absolue (289 députés).
Les mêmes instituts voient le Nouveau Front populaire deuxième (165-190 chez Elabe, 145-175 chez OpinionWay et Ipsos, 155 à 185 chez Ifop, 168 à 198 chez Harris), devant le camp présidentiel (120-140 pour Elabe, 130-162 pour OpinionWay, 118 à 148 pour Ipsos, 120 à 150 pour Ifop, 115 à 145 pour Harris). La gauche et les macronistes profiteraient ainsi des nombreux désistements de candidats hostiles au RN.
Pour ce scrutin décisif, la participation s'annonce la plus forte depuis 1997.
A gauche aussi, certains espèrent déjouer les pronostics. Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon compte sur les "16 millions d'abstentionnistes" du premier tour.
D'autres envisagent déjà une coalition avec les centristes, voire la droite, comme Marine Tondelier, la cheffe des Ecologistes, mais "sur la base du programme" de la gauche.
"Il faudra que les responsables se conduisent en adultes (et) que chacun, voyant la situation de difficultés du pays, accepte de faire un pas vers l'autre", a nuancé le patron du MoDem François Bayrou.
"Dans cette forme de nouvelle donne, chacun sera quelque part au pied du mur pour avancer au service de nos concitoyens" au-delà des "clivages", a affirmé Gabriel Attal, en écartant toutefois la possibilité de gouverner avec le RN ou LFI.
- "Imagination" -
Pour le patron du PS, Olivier Faure, le prochain gouvernement "ne sera pas en mesure de s’imposer", donc "il faudrait chercher (une majorité) texte après texte".
Un gouvernement technique comme celui qui avait sauvé l'Italie de la crise de la dette en 2011 serait plus "difficile" à instaurer en France, a estimé l'ancien dirigeant italien Mario Monti. Mais "il y a de l'espace pour l'imagination".
Ces idées en vue d'une large coalition sont des "magouilles", a dénoncé le député sortant RN Jean-Philippe Tanguy qui a fustigé "un système" où "gauche, droite et macronistes" sont "tous unis pour sauver leurs sièges".
Les jeux sont toutefois loin d'être faits. Car les désistements n'entraînent aucune certitude sur le vote des électeurs et parce que les projections en sièges sont toujours à prendre avec beaucoup de précautions.
De quoi ajouter de l'incertitude au scrutin, dans un climat de tensions et de violences qui fait craindre à Gérald Darmanin "des débordements" dès dimanche soir, quel que soit le résultat des urnes. Dans la campagne, "51 candidats, suppléants ou militants" ont été "agressés physiquement" et "plus d'une trentaine" de personnes interpellées, a-t-il dit.
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