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Législatives: Bardella lisse son programme, Macron déclenche une nouvelle polémique

A 11 jours des législatives, le président du RN Jordan Bardella a voulu rassurer mercredi sur sa politique étrangère, en excluant de "remettre en cause les engagements" de la France à l'international en matière de défense. Il a aussi confirmé qu'il n'irait à Matignon qu'avec une majorité absolue à l'Assemblée nationale.

"Je n'entends pas remettre en cause les engagements pris par la France sur la scène internationale", a déclaré M. Bardella, en visite au salon de défense Eurosatory près de Paris. "Il y a un enjeu de crédibilité à l'égard de nos partenaires européens et de nos alliés de l'Otan", a ajouté le chef de file du RN.

Plus question donc de "quitter le commandement intégré" de l'Alliance atlantique, comme le proposait Marine Le Pen il y a deux ans. En tout cas pas alors que la guerre en Ukraine "est toujours en cours", comme M. Bardella l'avait déjà expliqué pour tenter de gommer l'image pro-Kremlin que son parti traîne comme un boulet.

Le jeune président du RN a d'ailleurs confirmé son intention de maintenir le soutien militaire à Kiev, avec toutefois une "ligne rouge" sur les "missiles longue portée" et autres armes qui permettraient de "frapper le territoire russe", pour "éviter tout risque d'escalade".

Pas convaincant pour le Premier ministre Gabriel Attal, qui a comparé le programme du RN à un "oignon".

"Chaque jour, il y a le programme qui se pèle et à la fin, il n'y a que ses yeux pour pleurer, parce que ce n'est pas sérieux, ce n'est pas crédible et que le Rassemblement national n'est pas un parti de gouvernement, c'est un parti d'opposition", a taclé le Premier ministre sur TF1.

La chaîne a également indiqué qu'elle organiserait mardi 25 juin un débat entre MM. Attal, Bardella et Bompard, coordinateur national de LFI et représentant du Nouveau Front populaire.

Le Premier ministre réunit par ailleurs dans la soirée les candidats de son camp au siège de campagne de Renaissance et présentera de nouvelles propositions de la majorité lors d'une conférence de presse jeudi matin.

Sur TF1, il a dit "aspirer à pouvoir continuer à diriger l'action du gouvernement" après les élections législatives anticipées, quand bien même son camp est donné distancé dans les sondages.

- "Hausses d'impôts" -

Jordan Bardella a également confirmé mercredi qu'il n'irait à Matignon que si le RN avait la majorité absolue car "dans le cadre d'une cohabitation avec une majorité relative, je ne pourrai pas agir".

Quel qu'il soit, le futur Premier ministre sera confronté à un pays dans le rouge budgétairement.

La Commission européenne a ouvert mercredi une procédure pour déficit excessif contre la France, dont la dette atteint 110% du PIB, alors que le RN et la gauche prévoient d'ouvrir grand le robinet des dépenses.

Le Medef, qui auditionnera jeudi plusieurs responsables dont Jordan Bardella, Edouard Philippe ou Boris Vallaud (pour le Nouveau Front populaire), a d'ailleurs jugé mercredi que "si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après", ils provoqueraient "des hausses d'impôts, (...) le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives".

Un angle d'attaque pour la majorité. Mais Emmanuel Macron, pourtant prié par une partie de ses troupes de ne pas s'afficher dans la campagne, s'est surtout illustré par une lourde charge mardi contre la gauche unie sous la bannière du Nouveau Front populaire. Il a fustigé son programme, le taxant de "totalement immigrationniste".

"Les mots, les termes m'importent peu", a balayé Gabriel Attal alors que la formule a fait bondir à gauche.

- "Forces les plus réactionnaires" -

Le président de la République a aussi dénoncé "des choses complètement ubuesques comme aller changer de sexe en mairie" dans le programme de la gauche - qui propose d'"autoriser le changement d'état-civil libre et gratuit devant un officier d'état-civil".

Des propos qui sont "l'apanage normalement des forces les plus réactionnaires dans notre société", a taclé depuis Marseille le social-démocrate Raphaël Glucksmann, venu soutenir une candidate de son petit parti Place publique, investie par le Nouveau Front populaire face à la ministre Sabrina Agresti-Roubache.

L'alliance de gauche a reçu le soutien implicite de Dominique de Villepin, ancien Premier ministre de droite, en cas de second tour face au RN.

"Je considère que la priorité doit être donnée à la lutte contre le Rassemblement national", a déclaré M. De Villepin.

Par ailleurs, une affaire de viol en réunion à Courbevoie (Hauts-de-Seine) dénoncée par une adolescente de 12 ans qui dit avoir été traitée de "sale juive" est entrée avec fracas dans la campagne.

Emmanuel Macron a demandé à la ministre de l'Éducation Nicole Belloubet qu'"un temps d'échanges" soit organisé "dans les prochains jours" dans les écoles sur le racisme et l'antisémitisme.

Dans ce climat, le RN et Eric Ciotti, qui font alliance pour les élections législatives, ont retiré mercredi leur soutien à leurs candidats Joseph Martin (Morbihan) et Louis-Joseph Pecher (Meurthe-et-Moselle) pour des propos antisémites sur les réseaux sociaux.

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