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"La France a tué mon mari ,(...) par son excès de tolérance": la veuve d'Eric Comyn, gendarme mortellement blessé par un chauffard récidiviste lundi dans les Alpes-Maritimes, lors d'un contrôle routier, a crié sa colère mercredi, alors que le conducteur a été mis en examen et écroué.
Arrêté à Cannes quelques heures après le drame, l'homme, un Cap-Verdien de 39 ans, a été présenté à un juge d'instruction qui l'a mis en examen, notamment pour "meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique", a indiqué le parquet de Grasse.
Puis, comme l'avait requis le parquet, il a été placé en détention provisoire.
Il présentait un taux d'alcoolémie positif après son interpellation et son casier judiciaire portait déjà 10 condamnations pour "des infractions à la circulation routière" ainsi que "des atteintes aux personnes".
Le suspect avait toutefois un permis de conduire valide, avait précisé mardi le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin.
Selon le procureur de Grasse, le suspect a affirmé en garde à vue "n'avoir pas vu le gendarme sur la chaussée" et l'avoir "percuté involontairement".
Un extrait de vidéosurveillance daté de lundi, authentifié par l'AFP, montre une berline noire se déporter sur la file de droite de la bretelle de sortie de l'autoroute A8, à Mougins, et percuter de plein fouet un des deux gendarmes en gilets fluos procédant à des contrôles au milieu de la voie, puis prendre la fuite à vive allure.
"Je l'affirme haut et fort, la France a tué mon mari. (...) La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance", a dénoncé Harmonie Comyn, la veuve du gendarme, lors d'une cérémonie à Mandelieu-La Napoule. Le militaire de 54 ans, dont 30 dans la gendarmerie, était en poste dans cette commune.
"Attention, je ne parle pas d'étrangers, mais de récidivistes", a-t-elle ajouté, sa voix se brisant en évoquant son "tendre époux", avec qui elle a eu deux enfants de 12 et 16 ans.
"Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté ? Quand est-ce que nos législateurs ouvriront véritablement les yeux ? Faut-il qu'ils soient touchés directement pour agir ? Combien de morts avant que ces assassins soient véritablement punis ?", a-t-elle lancé.
Sa déclaration a déclenché de nombreuses réactions politiques.
- "Actes criminels" -
"Il est normal de tirer des conséquences de ces actes ignobles, qui sont des assassinats, des actes criminels", a ainsi déclaré Gérald Darmanin, interrogé en marge d'un événement au ministère de l'Intérieur.
"Les responsables de la mort de ce gendarme, ce sont les comportements criminels", a-t-il ajouté, estimant qu'il s'agissait de "la réaction d'une femme extrêmement blessée, touchée dans sa chair".
Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a évoqué sur X des mots "bouleversants", appelant à arrêter de "tolérer ceux qui pourrissent la vie des Français" et rétablir "une justice qui punit sévèrement".
"Ce cri de douleur est un appel au sursaut. Notre nation doit réagir", a commenté sur le même réseau le patron des députés Droite républicaine Laurent Wauquiez.
Pour le président des Républicains Eric Ciotti, allié au RN, "ce criminel n'aurait jamais dû être libre, ni sur nos routes, ni en France". Mardi, le député des Alpes-Maritimes avait proposé de renforcer les sanctions contre les refus d'obtempérer.
Pour le chef de file du parti d'extrême droite Reconquête! Eric Zemmour, "les mots de la veuve de l'adjudant Comyn résonnent avec une justesse poignante (...) Les politiciens, par leur insuffisance et leur idéologie, laissent des Français mourir".
"Nous n’acceptons plus (ce) laxisme qui mène à ces décès infondés", a lancé David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France,lors d'une autre cérémonie d'hommage qui a réuni environ 500 personnes dans sa commune. "Un mutirécidiviste, s’il est étranger, doit être expulsé, et lorsqu’il est Français, il faut que les peines soient appliquées".
A gauche, le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard, s'exprimant sur CNews avant les déclarations de Mme Comyn, avait rappelé que s'il n'est "pas normal de mourir suite à un refus d'obtempérer, il n'est pas normal de refuser d'obtempérer et quand on refuse d'obtempérer on doit être condamné pour cela".
M. Darmanin a évoqué mardi matin le chiffre de 25.000 refus d'obtempérer par an en moyenne, dont "5.000 touchent directement des policiers, des gendarmes ou des citoyens (...) à côté".
Un nombre record de 13 décès avait été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer lors de contrôles routiers. Pour la quasi-totalité, les victimes étaient les conducteurs ou passagers des véhicules en cause.