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Trois jours après que Kendji Girac a été blessé par balle, le procureur de la République de Mont-de-Marsan s'est exprimé lors d'une conférence de presse. On y a notamment appris que Kendji Girac n'a pas été retrouvé à l'endroit où le tir a été effectué, et que son corps a été "déplacé". Autre point troublant: au vu des sûretés que possède l'arme, un tir accidentel "est jugé impossible", ce qui veut dire que l'arme a dû être activée pour que le coup de feu parte.
Trois jours après que le chanteur à succès Kendji Girac a été blessé par balle dans des circonstances encore floues sur l'aire d'accueil à Biscarosse, le procureur de la République de Mont-de-Marsan tient une conférence de presse à partir de 15 heures ce jeudi. Il s'est exprimé sur l'enquête ouverte pour "tentative d'homicide volontaire".
Le tir aurait eu lieu vers 5h du matin. Le procureur explique que la femme qui a appelé le Samu à 5h24 lundi faisant état de la blessure de Kendji n'a pas encore été identifiée. Les pompiers ont été dépêchés sur les lieux à 5h31, et n'ont pas directement reconnu Kendji Girac. Ils l'ont d'abord trouvé assis sur une chaise, blessé par balle au niveau du thorax. Le procureur révèle qu'il a été transporté jusqu'à cette chaise. "Il n'a pas été blessé" sur cette chaise, il a été "déplacé". "Personne ne sait s'il a été déplacé sur cette chaise ou s'il y a été de lui-même. Il était prostré et silencieux", ajoute-t-il.
A 6h05 du matin, les gendarmes arrivent sur le lieu du camp. Contrairement aux pompiers, le procureur de Mont-de-Marsan explique que les gendarmes n'ont pas été bien accueillis. "Une forme d'omerta" a marqué le début de l'enquête selon lui. "L'intervention est loin d'être facilité [...] L'accueil était hostile selon les termes d'un des pompiers", déclare le procureur.
Des versions différentes
Les personnes de l'aire d'accueil, qui étaient initialement à l'extérieur, semblaient toutes être rentrées chez elles, lumière éteinte comme si rien ne s'était passé. Toutes les personnes présentes ont refusé de donner leur identité aux gendarmes. "Les personnes présentes sont assez directives et souhaitent qu'ils emmènent le plus vite possible" le blessé à l'hôpital. Le procureur précise qu'aucune violence n'a été observée.
A ce moment-là, le pronostic vital de Kendji Girac était engagé. Les pompiers, "même si ce n'était pas leur rôle", ont entendu des "versions différentes" de la part des personnes présentes sur le camp.
Finalement, une personne a bien voulu expliquer où se trouvait la caravane où a eu lieu le tir. Kendji Girac a été identifié comme étant l'homme blessé grâce à la plaque d'immatriculation de sa caravane et de sa Porsche Cayenne garée à côté.
Un impact de balle dans la caravane
Il s'agit d'un tir à bout touchant, relativement proche du corps en question, d'après le médecin légiste qui a observé la blessure du chanteur. Les conséquences de ce tir auraient pu être beaucoup plus graves, ajoute le procureur. Aucun organe vital n'a été touché.
"Pas du tout de désordre ni aucune trace particulière dans la chambre" de la caravane, déclare le procureur. Dans le salon par contre, un lit de bébé et une couette ont été déposés mais aucune arme. Alors que "manifestement, le coup a été tiré dans la caravane". Par contre, à l'arrière de la caravane, un impact de balle a été observé de l'intérieur vers l'extérieur.
Kendji Girac donne ensuite sa première version depuis son lit d'hôpital. C'est un gendarme qui a recueilli son témoignage, entre 8h15 et 8h20. Il parle d'un accident mais ne donne aucun élément de contexte. "Il s'agit d'un récit spontané, aucune question n'a été posée car son état de santé ne le permettait pas", déclare le procureur. Il a dit: "J'ai fait ça tout seul, j'ai acheté l'arme sur une brocante. Je n'ai pas trop l'habitude et le coup est parti. C'est un pistolet (...)".
L'arme a été retrouvée de manière "atypique": une personne non identifiée a expliqué aux enquêteurs où elle se trouvait
L'arme a été trouvée d'une manière un peu "atypique" explique le procureur. Le directeur d'enquête a pris contact avec le père du chanteur qui lui-même voulait en savoir plus sur l'enquête. Il lui a été expliqué que les enquêteurs recherchaient l'arme, et le père s'est engagé à avoir rapidement la réponse. "C'est par visio, qu'une personne non identifiée a expliqué aux gendarmes, à côté du père, où l'arme pouvait être trouvée". Elle était à une dizaine de mètres de la caravane, à la sortie du camp, dans un buisson, ajoute le procureur.
L'arme a été trouvée mais sans chargeur. "Les manipulations qui ont eu lieu sur ces différents objets n'ont pas permis de faire des analyses ADN qui sont normalement pratiquées", ajoute le procureur.
Au vu des sûretés possédées par l'arme, le tir accidentel est jugé "impossible"
Des analyses balistiques ont été réalisées par le laboratoire de police scientifique de Toulouse. Un modèle de 1911, une arme ancienne, très répandue dans le grand banditisme à une certaine époque mais qui est une arme aujourd'hui moins utilisée. Elle a des traces de choc externe. Mais son fonctionnement est parfaitement correct, explique le procureur.
Il ne peut pas y avoir de coup de feu sans qu'on n'ait mis en fonctionnement cette arme
L'arme n'a jamais été utilisée dans des affaires extérieures. Le chargeur correspond à l'arme et est lui aussi en état de fonctionnement normal, précise-t-il d'après le rapport de l'expert en balistique.
"L'accident, le tir intempestif est jugé impossible" au vu des sûretés possédées par l'arme, affirme le procureur. "Il ne peut pas y avoir de coup de feu sans qu'on n'ait mis en fonctionnement cette arme", explique le procureur. Est-ce que Kendji Girac a l'habitude de manipuler des armes? Les versions divergent. Mais d'après les témoignages, il serait dans un club de tir, et connaîtrait donc manifestement le fonctionnement d'une arme de poing, ajoute encore le procureur.
L'achat dans une brocante est "éminemment douteux", comme l'a affirmé Kendji Girac, et ne serait pas "conforme à la législation" selon le procureur.
D'après la compagne du chanteur, Kendji Girac boirait de plus en plus
Le procureur revient sur l'histoire du couple de Kendji Girac et de Soraya Miranda, et aborde notamment la consommation d'alcool du chanteur. Si certains témoins indiquent que Kendji Girac n'a pas bu une goutte d'alcool lors de cette journée de dimanche, d'autres affirment qu'il en a consommé en quantité, d'après le procureur.
C'est lui qui s'est tiré dessus volontairement ou accidentellement
Sa femme a expliqué lors de son audition que leur "union avait suscité peu d'enthousiasme" de la part de leurs familles respectives étant donné qu'elle ne fait pas partie de la communauté des gens du voyage. Elle explique notamment que son "côté féministe" dérangeait. Kendji Girac explique aussi des "réticences" de la part de sa communauté. Ils se sont installés ensemble en 2020 en région parisienne après 6 ans de couple.
Soraya Miranda a expliqué que le chanteur buvait beaucoup et de plus en plus. Elle a précisé qu'il n'a jamais été violent mais qu'il pouvait "casser des objets quand il était dans cet état-là".
Une dispute entre Kendji et sa compagne la veille du tir
La veille du jour où Kendji s'est blessé par balle, sa compagne a raconté avoir demandé à Kendji de baisser sa musique qu'il écoutait trop fort. Kendji Girac est ainsi sorti de la caravane. Mais Soraya Miranda lui a fait remarqué que la musique était encore trop forte. Il a pris la voiture avant de revenir et de se déshabiller. "Agité", il a parlé à sa fille. Elle dit qu'elle a affirmé que soit lui, soit elle devait partir. Elle entend ensuite un coup de feu et demande qu'on appelle les secours.
Elle entend autour d'elle qu'on lui demande de ne pas expliquer ce qu'il s'est passé, de quelle arme il s'agit. On lui dit de ne rien dire. Elle ne sait pas comment il est sorti de la caravane puisqu'à son retour, elle constate qu'il est sur la chaise où il a été retrouvé et ne voit plus le pistolet. On ne la laisse pas trop approcher Kendji. "Ce dont je suis certaine c'est qu'il n'y avait personne d'autre dans la caravane, c'est lui qui s'est tiré dessus volontairement ou accidentellement", a-t-elle conclu son audition. Elle a aussi expliqué aux enquêteurs que Kendji Girac lui avait déjà dit dans le passé vouloir "se mettre une balle" après une dispute.
Kendji Girac était fortement alcoolisé et présentait un taux de 2.5g/l de sang
Aucune trace de dispute physique ou de violence n'ont été observées. Le taux d'alcool à 5h du matin de Kendji Girac est estimé à 2.5g/l de sang. "La présence de métabolite permet de confirmer la consommation de cocaïne" vers 2h du matin, explique le procureur.
Je voulais faire entendre le bruit de la détente à Soraya, pour qu'elle ne parte pas
Le procureur a demandé une expertise balistique pour déterminer la trajectoire du tir. Kendji Girac n'était pas assis au moment du tir, d'après les experts en balistique qui ont analysé les trajectoires de tir. Il était quasiment collé à la paroi inverse où celle où se situe l'orifice de sortie de la balle. Les experts ont aussi analysé les vêtements de Kendji Girac mais l'analyse complète n'est pas terminée. Il y a cependant des traces de fumée, le tir a été fait à 5-10 cm du corps, il s'agit donc bien d'un tir à bout touchant comme le préconisait le médecin légiste. La présence d'un tiers est "matériellement impossible" entre Kendji Girac et la paroi extérieure.
Kendji Girac assure avoir voulu faire peur à sa femme en "simulant un suicide"
"C'était les vacances, j'ai tout lâché, je n'aurais pas dû boire autant lors d'un premier repas", a-t-il déclaré aux enquêteurs à propos de sa consommation d'alcool le dimanche. Il se souvient cependant que sa femme lui a dit vouloir partir, et il a alors eu peur. Il a ensuite fait part d'une "impulsion" pour "faire peur à sa femme" et dit avoir voulu "simulé un suicide", d'après le procureur. Il a réaffirmé toutefois ne pas avoir voulu tirer et se blesser: "Je voulais faire entendre le bruit de la détente à Soraya, pour qu'elle ne parte pas", relate le procureur.
Il reste encore des expertises en cours, explique le procureur et notamment une expertise balistique de la balle, qui a été retrouvée ce matin à 11h40. "Elle est en état propre et ça devrait nous permettre de vérifier qu'elle appartient bien à l'arme". Il y aura aussi une analyse toxicologique. Il y aura également des recherches de résidus de tir sur les vêtements, ajoute le procureur.
Aucun élément de l'enquête ne va dans le sens de l'intervention d'un tiers. Le procureur estime que le "tir a été provoqué volontairement par Kendji Girac". "Il indique assumer ce qu'il a fait tout en le regrettant extrêmement fortement. Il maintient qu'il s'agit d'une simulation au suicide", a déclaré le magistrat. "Je lui ai expliqué que cette explication lui appartenait et que le travail judiciaire s'arrêtait", conclut le procureur.