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Doit-on conserver l'échéance européenne de 2035 pour la fin des voitures thermiques neuves ? En France, plusieurs listes aux élections européennes proposent d'annuler cette disposition pour protéger l'industrie automobile, mais, et c'est une surprise, les constructeurs français eux-mêmes réclament au contraire le maintien du calendrier.
Il y a quelques jours, François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains pour les Européennes, décrivait une Europe qui ressemblerait à Cuba, où les automobilistes feraient durer sans fin leur vieille voiture à essence, comme ces Cubains qui rafistolent, année après année, leurs Ford, Mercury, Chevrolet ou Cadillac des années 50. D'après lui, compte tenu du prix des voitures électriques, les Européens n'auraient pas les moyens de les acheter, à moins de se tourner vers des voitures chinoises, les seules à afficher des prix raisonnables.
Mais dans le même temps, bien des partis européens envisagent de taxer, comme l'a décidé Joe Biden aux États-Unis, à 100% les véhicules chinois pour casser leur avantage de compétitivité. À noter qu'aux États-Unis, il n'est pas question d'interdire les voitures thermiques en 2035. D'ailleurs, cette disposition ne concerne que l'Union Européenne. Dans la plupart des pays, par exemple en Inde, on continuera à rouler à l'essence.
Conséquence, en France, les partis de droite et d'extrême droite militent pour l'abolition de la date butoir, avec pour objectif de sauver l'industrie automobile française.
Et là, patatra, les constructeurs ne sont pas d'accord et veulent conserver le calendrier initial. Pourquoi ? Alors qu'en 2018, ils y étaient opposés. Tout simplement parce qu'ils s'y sont résignés et finalement s'y sont engagés à toute force. Dans l'industrie, il n'y a rien de pire que le manque de visibilité et les changements de cap. Les deux principaux constructeurs français, Renault et Stellantis (Peugeot, Citroën, Seat, Opel, etc.) ont investi massivement dans l'électrique. Pas question de revenir en arrière.
Certes, actuellement, à part un modèle de Dacia, filiale de Renault, tous les modèles électriques européens sont beaucoup plus chers que les Chinois. Mais de nouvelles voitures arrivent sur le marché, comme la R5 de Renault. Chez Stellantis, qui a passé un accord avec un constructeur chinois, on envisage même de faire passer tous les véhicules neufs à l'électrique dès 2030 avec 5 ans d'avance. Le groupe franco-européen a investi également dans la production de batteries en France, en Allemagne, en Italie, au sein d'une filiale commune avec Mercedes et TotalEnergies. Lors de la visite d'une usine en Lorraine, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a déclaré : "j'ai lancé mon avion à pleine puissance, je ne vais pas dire stop et le faire tomber". Bah oui, d'autant plus que l'avion, lui, n'est pas électrique.