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Quelques "brebis galeuses" et "des moutons noirs", mais une majorité de "braves gens", affirment-ils: Jordan Bardella et Marine Le Pen sont contraints de réagir après les dérapages racistes de certains de leurs candidats qui plongent le RN dans la tourmente dans la dernière ligne droite des législatives.
Sur BFMTV mercredi soir, M. Bardella a été confronté à la bande sonore d'un député sortant de l'Yonne, Daniel Grenon, qui lâche qu'un "Maghrébin binational" n'a pas "sa place dans les hauts-lieux", durant un débat organisé par le quotidien L'Yonne républicaine. La justice a été saisie.
Candidat au poste de Premier ministre en cas de majorité absolue aux législatives, Jordan Bardella a condamné des "propos abjects" et promis la tenue d'une "commission des conflits" au sein de son parti. "Tous ceux qui tiennent des propos qui ne sont pas conformes à mes convictions seront mis à la porte", a-t-il assuré, en évoquant "cinq brebis galeuses".
Même réaction après la sortie d'un candidat dans le Haut-Rhin, Laurent Gnaedig, qui a déclaré sur BFM Alsace que les propos de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz comme "point de détail de l'histoire" n'étaient "pas une remarque antisémite", alors qu'ils ont valu au fondateur du Front National une condamnation en justice et une exclusion de son parti.
M. Gnaedig a ensuite présenté ses "sincères excuses" et assuré qu'il n'a "jamais été question pour (lui) de remettre en cause l'horreur de la Shoah".
La direction du RN "m'a informé d'une convocation devant la commission nationale des conflits du mouvement. Je me plierai à sa décision et regrette ma déclaration", a-t-il ajouté.
Une polémique de plus alors que Jordan Bardella avait dû lui-même rétropédaler en novembre après avoir estimé qu'il ne "pensait pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite". "Jean-Marie Le Pen s'est évidemment enfermé dans un antisémitisme", avait-il rectifié quelques jours plus tard.
- "Maladresses" -
Jeudi matin, Marine Le Pen a à son tour été interrogée sur les profils les plus problématiques des candidats du Rassemblement national dans ces législatives où l'extrême droite rêve d'une victoire historique le 7 juillet.
"Il y a des moutons noirs", mais "ce qui est très important, c'est de voir comment un parti politique réagit", a répondu la cheffe des députés RN sur BFMTV. "En général", la commission des conflits du Rassemblement national "tape dur'", a-t-elle promis.
Marine Le Pen fait le distinguo entre des propos "inadmissibles" qui entraîneront "très certainement des sanctions" et des "maladresses", faisant ici référence à la candidate en Mayenne Paule Veyre de Soras, qui a jugé "archi faux" que le RN soit un parti raciste: la preuve, "j'ai comme ophtalmo un juif et j'ai comme dentiste un musulman".
Selon la triple candidate à la présidentielle, la plupart des candidats "sont des braves gens qui se présentent parce que l'Assemblée nationale, elle doit être à l'image de la France, pas l'image de Sciences-Po, pas l'image de l'ENA".
Mais de Libération à Mediapart, les médias égrènent les dérapages de prétendants RN notamment sur les réseaux sociaux, comme Françoise Billaud dans les Côtes-d'Armor, qui a supprimé son compte Facebook après avoir relayé une publication d'une photo de la tombe de "Philippe Pétain, Maréchal de France", tandis que Ludivine Daoudi s'était retirée dans le Calvados, alors qu'une ancienne photo la montrait avec une casquette de l'armée nazie.
Marine Le Pen avait également désavoué le député sortant du Loir-et-Cher Roger Chudeau, après ses propos sur l'ancienne ministre socialiste de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, une "Franco-marocaine" dont la nomination fut une "erreur", estimait-il, en évoquant plus largement un risque de "double loyauté" des binationaux.
Le parti lepéniste renvoie à la difficulté d'investir des candidats dans le temps contraint provoqué par la dissolution de l'Assemblée nationale et aux profils controversés de ses rivaux, citant régulièrement Raphaël Arnault, fiché "S" et investi par LFI dans le Vaucluse pour le Nouveau Front populaire.
Ce porte-parole de la Jeune Garde antifasciste avait été convoqué par la police judiciaire pour "apologie du terrorisme" en raison d'un tweet publié le 7 octobre, depuis supprimé, où il affirmait: "la résistance palestinienne a lancé une offensive sans précédent sur l'Etat colonial d'Israël".