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En France, comme partout en Europe, la campagne des élections européennes touche à sa fin. Valérie Hayer, la candidate de la majorité présidentielle, continue à sillonner le pays dans l'espoir de faire mentir les sondages qui lui prédisent une large défaite face à Jordan Bardella, le chef de file du Rassemblement national. Pour cette députée européenne sortante, c'est presque mission impossible. Alors pourquoi le parti d'Emmanuel Macron a-t-il choisi pour mener sa liste cette candidate inconnue des Français ?
Valérie Hayer était hier en meeting à Paris. Le camp présidentiel avait sorti la grosse artillerie : le Premier ministre, Gabriel Attal en chauffeur de salle, et toutes les figures du gouvernement au premier rang, y compris Rachida Dati, récente transfuge de la droite.
"Tout n'est pas joué" était le mot d'ordre répété comme un mantra, les uns et les autres cherchant à se rassurer en évoquant les élections du passé qui avaient connu des renversements spectaculaires dans les derniers jours. Mais cette fois, il faudrait un miracle. Au vu des sondages, la liste du Rassemblement national caracole en tête avec 33,5% des voix.
La candidate du pouvoir n'est donnée qu'à 15,5, talonnée par la tête de liste socialiste Raphaël Glucksmann, à 14%.
Une bonne élève
Mais qu'allait-elle faire dans cette galère ? Sur le papier, ce n'était pas forcément un mauvais choix. Bonne oratrice, à l'aise à la télévision, et surtout députée européenne très assidue et connaissant ses dossiers, alors qu'on a rarement vu Jordan Bardella à Bruxelles ou à Strasbourg. Mais dans toute élection, il y a une part d'irrationnel, et c'est d'autant plus le cas avec les européennes.
L'opinion publique en a fait une sorte de référendum pour ou contre Macron. Lui-même en a pris conscience, puisqu'il a fait monter au créneau, face au leader du Rassemblement national, son Premier ministre, qui pourtant n'est pas candidat. Il participera lui-même à une émission de télévision, jeudi soir, simultanément sur TF1 et France 2.
Emmanuel Macron sera en direct depuis Caen, en Normandie, à l'occasion du 80e anniversaire du débarquement. Officiellement, ce sera le sujet, mais le communiqué précise qu'il évoquera l'actualité internationale, l'Ukraine, Gaza, et bien sûr, les européennes.
Redresser la barre
Dans cette ambiance très patriotique, il essaiera de redresser la barre face à un Rassemblement national qu'il considère toujours comme un parti héritier de la collaboration avec l'ennemi. C'était vrai pour le Front national, fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen, qui comptait des anciens SS dans ses rangs. Mais aujourd'hui, la dédiabolisation a fonctionné, et la technique du repoussoir ne marche plus.
Jordan Bardella, qui était lui aussi en meeting hier, en serait plutôt à craindre une démobilisation de ses électeurs, devant l'écrasante avance de ses sondages. Alors, lui, il martèle qu'il faut aller voter, car c'est une élection à un seul tour. Son ambition ? Devenir le premier parti, non seulement en France, mais aussi en Europe. Quant à Valérie Hayer, elle retournera lundi prochain, d'où elle vient…