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La Banque d'Angleterre (BoE) a abaissé jeudi son taux directeur d'un quart de point de pourcentage à 5%, sa première baisse depuis mars 2020 et la pandémie, convaincue par le retour de l'inflation à sa cible.
"Les pressions inflationnistes se sont suffisamment apaisées pour que nous soyons en capacité de baisser les taux", s'est félicité le gouverneur de la banque centrale britannique, Andrew Bailey, dans une déclaration jointe au rapport.
Andrew Bailey a aussi expliqué, lors de la conférence de presse, que "l'économie britannique avait été plus vigoureuse ces derniers mois" et que "c'était bienvenu". "Mais cela ajoute aux risque d'une inflation qui pourrait augmenter si nous coupons les taux trop vite ou trop", a-t-il souligné.
Mercredi, la Réserve fédérale (Fed) a, elle, opté à l'unanimité pour maintenir ses taux dans la fourchette de 5,25 à 5,50% dans laquelle ils se trouvent depuis un an, mais a ouvert la voie à une baisse en septembre.
La Banque du Japon (BoJ) a de son côté relevé son taux à 0,25%, après une précédente hausse en mars.
La Banque centrale européenne (BCE) avait entamé son propre processus d'assouplissement monétaire en juin, emboîtant le pas à la Banque nationale suisse (BNS) qui l'avait amorcé en mars.
-Inflation à la cible-
Cinq membres du Comité de politique monétaire (MPC) sur neuf ont finalement voté en faveur d'une baisse de 25 points de base jeudi.
Après une série de hausses, le taux directeur britannique avait été maintenu pendant près d’un an à 5,25%, son plus haut niveau depuis la crise financière de 2008.
Le net reflux de l'inflation depuis son pic à environ 11% fin 2022, qui avait généré une forte crise du pouvoir d'achat au Royaume-Uni a largement joué. Elle a fondu doucement pour revenir à 2% sur un an, l'objectif de la banque centrale, et s'est maintenue à ce niveau en juin.
M. Bailey a souligné que les prix avaient ralenti "plus rapidement que nous l'anticipions il y a un an".
La BoE prévoit que l'inflation remonte légèrement au 2e semestre, à mesure que la baisse des prix de l’énergie se modère, puis redescende à nouveau.
Lâcher la bride sur les taux peut donner un coup de pouce à l'économie et à la croissance, qui reste faible au Royaume-Uni, estime en outre la banque centrale.
L'institution monétaire a en conséquence rehaussé ses prévisions de croissance au Royaume-Uni pour 2024, à 1,25% contre 0,5% projetés dans son rapport de mai, mais continue de l'estimer à 1% en 2025.
"Cette reprise (projetée de la croissance, ndlr) reflète en partie la diminution progressive de l'impact négatif sur la croissance" des taux élevés, précise la BoE.
La flambée des taux ces dernières années a en effet pesé sur les entreprises et les ménages: environ 320.000 personnes seraient tombées sous le seuil de pauvreté pour cette raison, selon une récente étude de l'Institute for Fiscal Studies (IFS).
D'autant que des hausses d'impôts ou coupes budgétaires semblent se profiler de la part du nouveau gouvernement travailliste, ce qui risque d'étouffer la reprise.
Lundi, ce dernier a dénoncé un trou massif dans les finances publiques, et averti de "décisions difficiles".
Dans le compte-rendu de sa réunion, la Banque a cependant réitéré que "la politique monétaire devra continuer à rester restrictive durant suffisamment longtemps jusqu’à ce que les risques (inflationnistes, NDLR), pouvant menacer le maintien durable de la hausse des prix à la cible 2%, se soient davantage dissipés".
L'institution monétaire note un certain déclin en juin de l'inflation des services, qui inquiétait mi-juillet l'économiste en chef de la BoE, Huw Pill, lui-même défavorable à un assouplissement monétaire.
Mais la BoE reste attentive à une possible "hausse de prix des biens" face aux difficultés dans les échanges commerciaux et chaînes d'approvisionnement, tandis que les tensions géopolitiques menacent aussi de faire regrimper les prix des matières premières.
Le gouverneur de la BoE a estimé qu'il était "peu probable" de revenir à un environnement de taux aussi faibles que lors des chocs économiques importants qu'ont été le Covid ou la crise financière, mais qu'ils devraient continuer à baisser.
Interviewé sur Sky News, M. Bailey a cependant "mis en garde" contre des baisses de taux successives à chaque réunion, aussi rapides que l'ont été les précédentes hausses.
Les analystes de Capital Economics estiment ainsi que la BoE pourrait procéder plus lentement qu'anticipé pour la suite de son cycle de détente des taux, et probablement attendre novembre pour une prochaine baisse.
Vers 17H20 GMT, la livre sterling accélérait ses pertes, cédant 0,81% face au billet vert, à 1,2751 dollar, et 0,48% face à l'euro, à 84,61 pence pour un euro.