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"Modèle économique difficilement soutenable", "lieu de réserves dont le coût a fortement dérapé": la Cour des comptes épingle le Centre Pompidou dans un rapport rendu public mardi.
L'institution estime ainsi que la fermeture pour travaux de 2025 à 2030 du Centre national d'art Georges Pompidou, l'un des plus importants musées d'art moderne et contemporain au monde, "constitue une opportunité" pour "rattraper son retard" dans plusieurs domaines, comme le développement de sa fréquentation ou la gestion de ses ressources humaines.
Le "modèle économique du Centre Pompidou apparaît difficilement soutenable", griffe la Cour, qui relève un "projet de rénovation insuffisamment piloté et dont le financement n'est pas assuré".
Le volet technique est "entièrement pris en charge par l'État (378 millions d'euros)" mais "le volet culturel devra être financé sur ressources propres". Et d'insister sur les "169 millions d'euros manquants pour lancer les marchés de travaux".
"Un nouveau lieu de réserves dont le coût a fortement dérapé" est également pointé pour la collection du musée, "riche de près de 122.000 œuvres", soit "la deuxième collection d'art moderne et contemporain au monde après celle du Museum of Modern Art de New York".
Les réserves de l'établissement sont en effet "en grande partie externalisées dans des locaux loués à des bailleurs privés" mais le Centre "s'est engagé dans un projet de construction d'un nouveau site de réserves à Massy", rappelle la Cour des comptes.
"Dans le cadre d'un marché de partenariat public-privé, des dépassements importants des estimations initiales ont eu lieu en raison de la sous-évaluation de certains postes de dépenses et du contexte inflationniste", peut-on lire dans le rapport. Le coût "complet du projet devrait s'élever au total à plus de 254 millions d'euros".
Dans son précédent rapport, la Cour faisait en outre état "de la nécessité de moderniser la gestion des ressources humaines de l'établissement": "près de dix ans plus tard, force est de constater qu'aucune réforme structurelle n'a été menée dans ce domaine", tance-t-elle.
Dans sa réponse à la cour, publié avec le rapport sur son site internet, le président du Centre Pompidou Laurent Le Bon souligne que son établissement "a mis en place une politique très active de développement de ses ressources propres qui lui a permis de ne pas augmenter le taux de financement public hors période Covid".
"Des capacités de développement de ressources propres existent encore en termes de fréquentation, billetterie, mécénats et action internationale. Le Centre s'engage résolument dans la définition d'un modèle culturel et économique durable, soutenable et attractif", ajoute-t-il.
Concernant le futur centre de Massy (Essonne) de conservation et de stockage des collections nationales du Musée national d'art moderne et du Musée national Picasso Paris, "le choix du partenariat public-privé n'a pas reposé uniquement sur des considérations financières mais également sur des enjeux de complexité du projet et de partage des risques, de performance et d'exploitation du bâtiment pendant les 25 ans, et de respect des délais de livraison", explique-t-il.
"Le soutien des collectivités territoriales a été recherché à hauteur de 42 millions d'euros", précise-t-il, en motivant "l'évolution du coût du projet entre 2019 et 2023" par "la forte hausse des coûts de la construction et du durcissement des conditions de financement à la suite de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine".
"Le Centre Pompidou est en capacité de financer le surcroît de charges conformément au plan de financement qu'il a adressé à ses ministères de tutelle en juin 2023. Celui-ci sera actualisé régulièrement", assure-t-il.