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Un célèbre chanteur pakistanais a été accusé par une actrice renommée de harcèlement sexuel, déclenchant un scandale relevant de la campagne #Metoo, qui n'avait fait que peu de vagues jusqu'ici au très conservateur Pakistan.
"En parlant de ma propre expérience de harcèlement sexuel, je vais briser la culture du silence qui imprègne notre société. Il n'est pas facile de s'exprimer (...) mais il est plus difficile de garder le silence. Ma conscience ne le permettra plus. # MeToo", a écrit jeudi sur son compte Twitter la comédienne Meesha Shafi, déclenchant une tempête sur les réseaux sociaux.
"J'ai été l'objet, à plusieurs reprises, de harcèlement sexuel - physique - de la part d'un collègue: Ali Zafar", a-t-elle raconté. "Cela m'est arrivé bien que je sois une femme autonome, accomplie, reconnue pour son franc-parler. Cela m'est arrivé alors que je suis mère de deux enfants".
Certains internautes ont mis en cause sa bonne foi, tandis que d'autres, majoritairement des femmes, saluaient le courage de l'actrice. "Aucune femme ne rend publiques de telles allégations juste pour le plaisir", a réagi l'auteure Bina Shah.
"Je nie catégoriquement toutes les accusations de harcèlement faites par Mme Shafi", lui a répondu Ali Zafar sur Twitter. Il a annoncé préférer porter l'affaire en justice plutôt que "lancer des allégations (...) sur les réseaux sociaux".
M. Zafar, dont l'un des albums s'est vendu à plus de 5 millions d'exemplaires en 2003, a également joué dans plusieurs films bollywoodiens, notamment la satyre "Tere bin Laden" (Ben Laden est à vous).
Les campagnes #MeToo et #Timesup ont eu un impact mondial depuis que des allégations d'abus sexuels contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein ont été rendues publiques en octobre 2017, provoquant une avalanche d'accusations contre d'autres hommes connus.
Le mouvement a cependant été lent à atteindre le Pakistan où les femmes se battent pour leurs droits depuis des décennies, dans une société patriarcale où les "crimes d'honneur" et autres attaques contre les femmes sont fréquents.
La Commission pakistanaise des droits de l'homme, dans un rapport publié cette semaine, a évalué à 5.660 le nombre de femmes tuées au Pakistan sur les dix premiers mois de 2017.
En août, l'ex-star de cricket et homme politique Imran Khan a été accusé par une députée de lui avoir envoyé des SMS obscènes et de promouvoir une culture sexiste au sein de son parti, ce qu'il a nié.