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Dans l'archipel finlandais, les scientifiques qui étudient le réchauffement rapide de la mer Baltique ont mis en évidence l'impact du changement climatique sur les écosystèmes côtiers, une avancée pour espérer préserver les océans.
"Nous sommes en première ligne devant ces changements. La mer Baltique se réchauffe en moyenne deux fois plus vite que les océans du monde entier", explique le professeur Alf Norkko, qui dirige la plus grande station de recherche marine de la mer Baltique, Tvarminne, au bord de l'eau dans la ville finlandaise de Hanko.
Avec ses eaux peu profondes et saumâtres en raison de l'apport limité en eau salée que permettent les minces détroits du Danemark, la mer Baltique, qui borde la Suède, le Danemark, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, l'Allemagne et la Russie, abrite des écosystèmes uniques extrêmement sensibles aux modifications de l'environnement et du climat.
Les sternes - des hirondelles de mer typiques des milieux côtiers - planent au-dessus de l'archipel qui entoure la station vieille de plus de 120 ans : un paysage commun le long des 1.100 kilomètres de côtes finlandaises où se situent plus de 81.000 îles.
Les mesures effectuées à la station depuis 1926 montrent que la température moyenne de la mer a augmenté de 2°C au cours des 30 dernières années.
La mer Baltique est "une petite baignoire, comparée aux océans du monde entier. Nous voyons les premiers effets de l'augmentation de la température", explique Norman Gobeler, chercheur doctorant spécialisé dans les vagues de chaleur marines.
- Ecosystèmes marins et réchauffement -
Vêtue de cuissardes et de lunettes de soleil, Margaret Williamson, chercheuse doctorante, s'aventure dans une roselière verdoyante balayée par la brise estivale.
Elle y prélève régulièrement des échantillons de tiges, de racines et de sol afin de mesurer les niveaux de dioxyde de carbone stockés dans les roseaux.
"La mer Baltique est vraiment importante pour comprendre les effets du changement climatique à l'échelle mondiale", souligne Mme Williamson, qui participe à un projet de recherche conjoint entre les universités d'Helsinki et de Stockholm, sur les liens entre environnements côtiers et changement climatique.
Les zones côtières du globe, telles que les archipels de la mer Baltique, les récifs coralliens, les estuaires, ou encore les forêts de mangroves, sont des réserves majeures de la biodiversité et constituent des habitats dynamiques et vitaux pour les poissons et d'autres espèces marines.
Les océans et les écosystèmes côtiers ont absorbé plus de 90% de la chaleur associée au changement climatique induit par l'activité humaine, et ont capturé les gaz à effet de serre.
Mais leur capacité d'absorption en tant que puits de carbone reste étonnamment inexplorée et souvent hors des politiques climatiques nationales et internationales, note M. Norkko.
"Si l'on a beaucoup insisté sur le rôle de puits de carbone des forêts terrestres, nos côtes et nos océans ont été ignorés", déplore le chercheur.
"Jusqu'à présent, les mers ont amorti une grande partie des problèmes auxquels nous sommes confrontés, mais la question est de savoir jusqu'où les océans peuvent supporter tous ces facteurs de perturbation", poursuit-il.
- Ecosystèmes émetteurs de gaz ? -
Fait inquiétant, les recherches menées à la station finlandaise montrent que les écosystèmes côtiers de la mer Baltique pourraient, à un horizon de temps non défini, émettre des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone ou le méthane, au lieu de les absorber, en raison de l'augmentation des températures et de la dégradation de l'environnement.
L'état de la mer Baltique se dégrade depuis des années à cause de l'eutrophisation, un apport excessif en nutriments causé par le ruissellement des pratiques agricoles et forestières conventionnelles et par l'afflux d'eaux usées non traitées.
L'eutrophisation provoque la prolifération d'algues nuisibles et la raréfaction de l'oxygène dans de vastes zones des fonds marins.
"Nous partons de l'hypothèse qu'un système côtier est un puits de carbone net, tandis qu'un écosystème dégradé est une source nette de carbone", explique M. Norkko, avant d'ajouter : "Notre plus grande préoccupation est qu'un puits de carbone efficace puisse devenir une source de carbone".
Pour éviter une telle situation, il est nécessaire d'intensifier les efforts de protection et de restauration d'écosystèmes marins sains.
Pointant du doigt un fucus vésiculeux vert foncé visible sous la surface de l'eau - une algue menacée par l'eutrophisation et révélatrice d'un bon état écologique -, M. Norkko compare cette macroalgue à une "forêt ancienne", car elle peut vivre jusqu'à 30 ans dans un écosystème côtier en bonne santé.
"Une fois que le fucus vésiculeux a absorbé le carbone, il le stocke pendant une longue période. C'est la raison pour laquelle un système sain est plus résistant aux changements et doit donc être préservé".