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Cette usine liégeoise est l'une des seules en Europe à recycler des métaux rares: ils sont stratégiques pour l'avenir

Recycler est l'une des solutions d'avenir, d'autant plus lorsque la matière première vient à manquer. C'est le cas de deux métaux rares exportés par la Chine. Le pays produit de 80 à 90% de la production mondiale, mais il vient de restreindre ses exportations. Nous nous sommes rendus dans une société liégeoise. Elle s'emploie à recycler ces métaux utiles dans de nombreux domaines. C'est l'une des seules en Europe à pouvoir le faire.

Les métaux rares sont présents dans de nombreux objets de notre quotidien: lampes LED, voitures électriques, armement ou encore dans les équipements utilisés pour internet. Dans nos régions, ils se retrouvent dans les roches en très faibles quantités. "C'est un peu comme le sel et le poivre de nos roches. Le germanium, comme le nom l'indique, on l'a découvert historiquement il y a 150 ans en Allemagne. Et le gallium, comme son nom l'indique aussi, la Gaule, on l'a découvert chez nous il y a 150 ans à peu près", explique Eric Pirard, spécialiste en ressources minérales à l'Université de Liège.

Voici environ les quantités de ces métaux extraits chaque année dans le monde.

  • 400 tonnes de gallium: 95% vient de Chine,
  • 180 tonnes de germanium: 82% vient de Chine.

Quasi que deux acteurs en Europe à pouvoir le faire aussi aujourd'hui

S'ils sont appelés métaux rares, ils sont surtout stratégiques. Dans une entreprise liégeoise, on en recycle depuis une vingtaine d'années. "C'est à la fois très précis, difficilement rentable, très compétitif, on ne trouve pas beaucoup de matières premières sur le marché. Ça demande vraiment une connaissance spécifique et une chimie spécifique. Notre usine est la seule en Wallonie. Aujourd'hui, on est deux acteurs en Belgique à pouvoir faire ça, mais quasi que deux acteurs en Europe à pouvoir le faire aussi aujourd'hui", nous confie Philippe Henry, administrateur d'Hydrométal.

Puisque la Chine gère la majeure partie de la production, la restriction des exportations a provoqué une hausse des prix sur les marchés. À titre d'exemple, un lingot de deux kilos vaut aujourd'hui 1.500 euros. Recycler devient alors rentable. "Nous sommes contactés quasi tous les jours pour pouvoir répondre à ces challenges. Ils ne seront pas faciles, parce qu'on doit rester compétitifs, et il faut voir aussi si ça va se maintenir à long terme", indique Philippe Henry.

Recyclage liés à la métallurgie, mais pas aux petits objets du quotidien

Pour l'instant, on recycle essentiellement des déchets liés à la métallurgie. Pas question de récupérer des métaux rares de nos smartphones. "C'est vrai que dans nos GSM, il y a de très faibles quantités. Un peu comme dans les roches, c'est quelques grammes par tonne. Actuellement, dans le recyclage des déchets électroniques, il est illusoire d'aller chercher des métaux comme le gallium, le germanium, l'indium et beaucoup d'autres", précise Eric Pirard.

L'Union européenne va prochainement réfléchir à la possibilité de rouvrir des mines d'extraction dans nos régions.
 

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