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L'apport du fonds de l'UE pour la relance post-covid à l'action pour le climat et à la transition verte n'est peut-être pas aussi clair qu'il n'y paraît, met en garde la Cour des comptes européenne, dans un rapport publié mercredi.
Ce fonds, c'est la "FRR", la Facilité pour la Reprise et la Résilience, principal pilier du programme de relance post-covid de l'UE. De manière inédite, il décaisse ses paiements lorsque l'État membre bénéficiaire atteint des "jalons" et des "cibles", plutôt que de rembourser des dépenses réelles.
Pas moins de 275 milliards des 648 milliards d'euros engagés dans la FRR recouvrent théoriquement des mesures en faveur des objectifs climatiques de l'UE. Or, selon les auditeurs européens, ces contributions pourraient avoir été surestimées d'au moins 34,5 milliards d'euros.
La Commission aurait en effet surévalué l'impact positif de la construction de nouveaux bâtiments économes en énergie, ainsi que d'infrastructures ferroviaires. Ces constructions donnent lieu à d'importantes émissions de gaz à effet de serre. L'exécutif européen aurait aussi surévalué l'impact du développement des réseaux électriques, dès lors qu'électricité n'est pas forcément synonyme d'énergie propre.
Par ailleurs, il s'est avéré que certains projets soi-disant écologiques n'avaient pas de lien direct avec la transition verte, selon la Cour des comptes. Par exemple, un impact positif ("coefficient climatique") a été attribué à une mesure visant à améliorer la gestion de l'eau. Mais les fonds ont en fait été alloués à des solutions informatiques gouvernementales destinées à la transformation numérique du système d'approvisionnement en eau. De sorte que l'impact serait en réalité nul.
Certaines mesures, vertes sur le papier, l'étaient en réalité beaucoup moins, comme un projet de financement "plutôt trouble" d'une centrale hydroélectrique à accumulation par pompage, dont les incidences sur l'environnement n'ont pas été évaluées au préalable. Les auditeurs formulent plusieurs recommandations pour rencontrer ces griefs.