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L'amour rend aveugle d'après le dicton, et la mouche du vinaigre peut littéralement en témoigner, selon l'étude d'une équipe de biologistes britanniques parue dans Nature mercredi.
La drosophile, de son vrai nom, ne passe pas seulement son temps à tourner en rond autour des fruits trop mûrs ou des poubelles. Elle cherche aussi à se reproduire, et dans le cas du mâle, avec une telle ardeur qu'elle en vient à ignorer un risque de prédation.
Une équipe internationale menée par des chercheurs de l'Université de Birmingham a pour la première fois identifié le réseau de neurones gouvernant cette prise de décision, et le rôle prééminent qu'y joue un messager, la dopamine.
"Quand le mâle effectue sa cour et est proche de l'accouplement, on constate très bien que quand on introduit une menace, il ne la voit simplement pas", a expliqué la Dr. Carolina Rezaval, qui a supervisé l'étude.
Cette dernière montre une augmentation de la dopamine au fur et à mesure de la manœuvre de séduction du mâle, qui "agit comme un filtre sensoriel bloquant les distractions et aidant l'animal à se concentrer sur la tâche en cours quand il est près du but", a ajouté la biologiste de l’École des biosciences, citée dans un communiqué de l'université.
Son équipe a montré que dans la phase initiale de séduction, la détection d'un danger active, via des neurones visuels, l'inhibition de centres nerveux liés à la séduction.
Elle a utilisé pour cela un dispositif mimant la présence d'un prédateur dont l'ombre menacerait la mouche. Dans ce cas, ce stimuli "pousse la mouche à abandonner sa cour, et à échapper au danger", selon la Dr. Laurie Cazalé-Debat, première autrice de l'étude, citée par l'Université de Birmingham.
Mais si la manœuvre de séduction est engagée depuis une poignée de minutes "l’augmentation de la dopamine bloque des circuits sensoriels clés, réduisant la capacité de la mouche à répondre à la menace et l'amenant à se concentrer sur l’accouplement", toujours le Dr. Cazalé-Debat.
Une attitude qu'on retrouve chez l'humain dans d'autres situations, selon la Dr. Lisa Scheunemann, de la Freie Universität à Berlin, et qui a contribué à l'étude. "Imaginez que vous escaladiez une montagne et soyez proche du sommet", a-t-elle expliqué dans le communiqué. Même si les conditions météo empirent, "vous pourriez ignorer ce danger car vous êtes si proches du but".