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Une star chasse l'autre à Venise: l'un des visages les plus connus d'Hollywood, celui de Nicole Kidman, fait son entrée en compétition vendredi dans un genre classique, mais bousculé ces derniers temps par les luttes féministes, le thriller érotique.
L'actrice d'"Eyes Wide Shut" (1999) et "Moulin Rouge" (2001) n'a jamais quitté les tapis rouges et multiplie toujours les tournages, au cinéma comme à la télévision.
Mais ce "Babygirl" présenté sur le Lido et dont elle tient le rôle principal, est un projet qui l'a particulièrement marqué, a-t-elle confié au magazine Vanity Fair.
Notamment pour ses scènes de sexe explicites, et pour la relation de confiance qu'elle a pu tisser avec sa réalisatrice, peu connue, la Hollandaise Halina Reijn, 49 ans, dont ce n'est que le troisième film et la première sélection dans un festival majeur.
"Dans mes films, j'ai exploré de nombreux thèmes par le prisme de la sexualité", a déclaré Nicole Kidman au magazine. "Je n'ai pas évacué ça ni tenté de prétendre que ça n'existait pas".
Mais le film présenté à Venise passe un cap, et le tourner a été "une sensation très étrange. C'est quelque chose que vous faites et réservez normalement à vos vidéos personnelles. Ce n'est pas destiné à être vu par tout le monde !", a-t-elle confié.
Dans "Babygirl", l'actrice australo-américaine de 57 ans interprète une cheffe d'entreprise installée dans un mariage avec le directeur d'un théâtre (Antonio Banderas, 64 ans).
"Insatisfaite sexuellement dans son couple, elle va chercher du réconfort dans un rapport sado-masochiste avec un jeune stagiaire, pour lequel elle risque sa carrière et sa famille", a décrit le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, en présentant le film. Le jeune homme en question est joué par Harris Dickinson, 28 ans, découvert dans la Palme d'or "Sans Filtre".
- Nouveaux regards -
"Liaison Fatale", "Basic Instinct", "9 semaines et demi", le genre a fait les belles heures du cinéma des années 1980-1990, mais a pris un coup de vieux dans la foulée du mouvement #MeToo qui a changé les choses, devant comme derrière la caméra. La question de la représentation du sexe au cinéma est devenu brûlante, souvent sous l'impulsion de réalisatrices.
Les récits ont commencé à se diversifier, dans la foulée de films comme "Portrait de la jeune fille en feu" sur le désir et le regard féminin, tout comme les pratiques de tournage, avec le recours désormais systématique aux Etats-Unis aux coordinateurs d'intimité, sur ce film aussi.
Produit par A24, l'un des studios indépendants américains les plus novateurs ("Everything Everywhere All At Once", "Moonlight", la série "Euphoria"), "Babygirl" devrait poursuivre cette évolution.
Nicole Kidman a raconté comme le fait de tourner avec une réalisatrice lui avait permis de créer un proximité, tandis que la cinéaste a insisté sur la représentation du plaisir d'un point de vue féminin.
L'an dernier, le Lion d'or avait déjà été attribué à "Pauvres Créatures", tourné par Yorgos Lanthimos mais façonné quasiment à quatre mains avec son actrice Emma Stone, qui y explosait les carcans de la pudeur hollywoodienne en dressant le portrait d'une femme se rendant maître de son plaisir.
Et la question est également au coeur du remake du classique de l'érotisme "Emmanuelle", signé Audrey Diwan, qui fera l'ouverture du Festival de San Sebastian avant sa sortie en France le 25 septembre.
A Venise, la journée sera également marquée par l'arrivée du premier des trois films français en compétition, la dernière chronique amoureuse d'Emmanuel Mouret ("Un baiser s'il vous plaît", "Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait").
Au générique de ce film, intitulé "Trois amies", Camille Cottin, l'une des actrices françaises qui a percé à Hollywood, dans le sillage de la série à succès "Dix pour cent".