Partager:
Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof, dans le viseur du régime de Téhéran, viendra en personne présenter son film "Les Graines du figuier sauvage" au 77e Festival de Cannes, après avoir fui clandestinement son pays, a annoncé à l'AFP son délégué général, Thierry Frémaux, mardi.
Le film, en lice pour la Palme d'or, doit être présenté vendredi, à la veille de l'annonce du palmarès. En recevant Mohammad Rasoulof, désormais "en sécurité", le festival souhaite affirmer son soutien "à tous les artistes qui, dans le monde, subissent violences et représailles dans l'expression de leur art", a déclaré M. Frémaux.
Mohammad Rasoulof sera à Cannes pour la première fois depuis 2017, où il avait remporté le prix Un Certain Regard pour son film "Un homme intègre".
Depuis, "nous n'avons jamais cessé de rester en contact et nous sommes particulièrement touchés de l’accueillir ici en cinéaste avec son film", a poursuivi M. Frémaux. "Notre joie sera celle de tous les festivaliers et de tous les Iraniens épris de liberté".
Grande voix du cinéma iranien, dans le viseur du régime des mollahs depuis des années, le réalisateur de 51 ans a été récemment condamné en appel à 8 ans de prison dont cinq applicables. Dénonçant une peine "injuste", il est parvenu à quitter clandestinement l'Iran et à se réfugier en Allemagne en mai.
Il a raconté au journal britannique The Guardian un voyage "de plusieurs heures, épuisant et extrêmement dangereux, accompagné d'un guide", qui lui a permis de traverser les montagnes et passer discrètement la frontière à pied.
Sa venue à Cannes sera sa première apparition publique.
Le réalisateur a déjà été condamné et emprisonné deux fois en Iran, où la répression ne cesse de s'amplifier depuis le mouvement de contestation qui a secoué le pays en 2022 après la mort de Mahsa Amini.
Malgré cette menace d'incarcération, Mohammad Rasoulof, qui a reçu de nombreux prix internationaux dont l'Ours d'or à Berlin en 2020, remis en son absence, n'a pas écarté dans le Guardian la possibilité de retourner dans son pays "assez vite".
Son nouveau film raconte l'histoire d'un juge d'instruction sombrant peu à peu dans la paranoïa, au moment où d'immenses manifestations éclatent dans la capitale Téhéran.
Après sa fuite d'Iran, il s'alarmait pour la sécurité de ses équipes restées en Iran, et dénonçait la "machine criminelle" du régime.
Les festivals internationaux sont une forme de reconnaissance importante pour les cinéastes iraniens aux prises avec le régime, à l'image de Jafar Panahi ("Taxi Téhéran") ou Saeed Roustaee ("Leila et ses frères"), régulièrement sélectionnés, malgré la répression qu'ils subissent.