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Françoise Hardy, star de la chanson française depuis les années 1960, s’est éteinte à l’âge de 80 ans. Notre expert musical Serge Jonckers était sur le plateau du RTL info 13H pour évoquer cette disparition.
RTL info : La France pleure aujourd'hui le départ d'une icône, l'une des dernières représentantes d'une époque ?
Serge Jonckers : Oui, d'ailleurs dans les hommages que l'on peut lire sur les réseaux sociaux, c'est pour toute une génération, une partie de l'enfance et de notre adolescence qui est partie. Et ce qui est vraiment très important, c'est que c'est toute génération confondue. C'est la génération de Françoise Hardy avec les Eddy Mitchell, etc. Et puis ça a été la pop des années 80 avec É tienne Daho, et puis ça a été les années 90 avec Calogero. (…) Il y avait une sorte d'insouciance parce que le succès lui est tombé vraiment sur la tête. Par un hasard complètement fou, c'est le référendum pour l'élection, pour le suffrage universel en 1962 à la télévision. Et donc les gens attendent les résultats. Et pour meubler, eh bien on passe des petits clips, etc. Et on passe "Tous les garçons et les filles". Et du jour au lendemain, ce 45 tours, puisqu'on parlait de 45 tours à l'époque, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires. À la fin de l'année, on en était à deux millions. Le succès lui est vraiment tombé sur la tête. C'est là qu'elle a pris conscience de ce qu'elle était.
C'est étonnant un tel succès quand on connaît aussi le style qui est souvent empreint de tristesse, de mélancolie. Elle a réussi à rendre la mélancolie pop ?
On peut dire ça, oui. Véronique Sanson l'a fait aussi avec des chansons, disons, assez tristes. D'ailleurs, toutes les chansons où elle évoque l'amour de sa vie, à savoir Jacques Dutronc, sont des chansons très, très mélancoliques. Ce n'est pas très rigolo, rigolo. Même s'il y a eu l'époque, à la fin des années 70, elle a fait un peu de jazz, elle a fait de la soul music, etc. C'était une écriture très réservée et en même temps très exigeante. Elle a d'ailleurs commenté elle-même ces chansons dans le recueil de toutes les chansons qu'elle avait écrites, où elle les commentait elle-même. Et là, on s'aperçoit de son niveau d'exigence. L'écriture est très, très importante.