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Entre temps forts, polémiques attendues et jamais venues et perdants du palmarès, retour sur la 77e édition du Festival de Cannes qui a décerné la Palme d'or à "Anora" de Sean Baker.
Une édition politique?
Une consigne a été passée d'éviter les signes partisans sur tapis rouge. "C'est légitime, je comprends, si tout le monde amène son drapeau ça va être la Coupe du monde de foot", commente l'acteur palestinien Aram Sabbagh.
Des références discrètes au conflit entre l'armée d'Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza sont apparues, sous forme de badges. Et Cate Blanchett a soulevé un pan de sa robe, verte en dessous, ce qui a été interprété comme un rappel des couleurs du drapeau palestinien.
Mais la quintessence du volet politique, ça a été les incertitudes sur la venue de l'Iranien Mohammad Rasoulof, contraint de fuir son pays et dont le film a enchanté la critique.
Pas de vagues
Le Festival n'avait pas commencé que tout le monde prédisait une édition sous tension, entre appels à la grève et rumeurs de dénonciations dans un contexte #MeToo. Au final, il n'en a rien été.
Aucune accusation n'a été proférée lors du Festival. Cette année, "il n'y a pas de polémiques qui viennent du festival. On a précisément pris soin de faire en sorte que l'intérêt majeur de ce pourquoi nous sommes tous ici reste le cinéma", a encore souligné M. Frémaux.
Les perdants du palmarès
Si Francis Ford Coppola a fait sensation en remettant la Palme d'or d'honneur à son "ami" George Lucas, il fait partie des oubliés du palmarès.
"The Apprentice", sur les jeunes années de Trump a en revanche créé la polémique et de possibles poursuites judiciaires, mais a laissé de marbre le jury.
La Britannique Andrea Arnold, une habituée du festival qui avait obtenu de bonnes critiques après la présentation de "Bird", repart également bredouille.
Quant au retour de Gilles Lellouche avec sa fresque amoureuse, musicale et violente, l'un des plus gros budgets du cinéma français, l'"Amour ouf", fait plouf. Il se rattrapera probablement en salles.
Cannes féministe?
L'ambiance a clairement changé à Cannes, qui a ouvert avec une cérémonie 100% féminine et mis à l'agenda les violences sexuelles avec le court-métrage de Judith Godrèche.
Côté compétition, le Festival était mal parti, avec uniquement quatre réalisatrices en lice pour succéder à Justine Triet, contre sept l'an dernier. Au final, deux d'entre elles sont au palmarès de Greta Gerwig et de ses jurés. La Française Coralie Fargeat a décroché le prix du scénario pour son film d'horreur féministe "The Substance". Et à seulement 38 ans, la réalisatrice indienne Payal Kapadia repart avec le Grand prix, juste derrière la Palme d'or: une façon de pousser les nouvelles voix féminines du 7e art, en dehors des Etats-Unis et de l'Europe.
Hors compétition, les premiers pas derrière l'écran d'actrices comme la Française Noémie Merlant ont aussi donné de sérieux coups de balai au patriarcat.
Lucas, héritier de Méliès
Avec une Palme d'or d'honneur remise par Francis Ford Coppola à Lucas, Cannes a mis en lumière deux des plus grand "faiseurs" du 7e art. Et répare aussi une injustice, car Lucas, 80 ans, n'a jamais eu d'Oscar, se contentant d'une statuette honorifique.
Coppola, 85 ans, deux Palmes d'or pour "Conversation secrète" et "Apocalypse now", a inscrit dans son discours Lucas dans la généalogie du cinéma. L'auteur du "Parrain" a cité la France, "pays où est né le cinéma", pays de Georges Méliès. La saga "Star Wars" peut se voir comme le descendant de "Le voyage sur la lune" (1902), matrice des films de science-fiction.
À propos de films de science-fiction, Coppola a aussi taclé l'ingratitude des studios américains que lui et Lucas ne portent pas dans leur cœur.