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Drapeau bleu et jaune de l'Ukraine grand déployé, un lacrimosa et l'"Ode à la joie" au répertoire, l'Orchestre ukrainien de la Liberté composé d'artistes opposés à l'invasion russe, répète à Varsovie, en vue d'une tournée internationale qui débutera vendredi à Paris.
La répétition à l'Opéra de Varsovie, à laquelle ont pu assister des journalistes de l'AFP, commence par une minute de silence, en hommage aux victimes des tirs de missiles russes sur l'Ukraine lundi.
"C'est pour nous une façon de canaliser notre énergie, mais aussi de réveiller le monde", déclare Keri-Lynn Wilson, cheffe d'orchestre et fondatrice de cet ensemble orchestral.
Keri-Lynn Wilson, Canadienne d'origine ukrainienne, a créé l'orchestre en coordination avec le ministère ukrainien de la Culture, le Metropolitan Opera de New York et l'Opéra national polonais de Varsovie.
Le répertoire de la tournée comprend notamment la 9e symphonie de Beethoven et sa célèbre "Ode à la joie" - l'hymne de l'Union européenne - traduite en ukrainien pour la première fois par Keri-Lynn Wilson et Ievgenia Iermatchkova.
"Je me suis dit: qu'est-ce qui pourrait être encore plus fort que de jouer ce morceau de musique aussi puissant et d'y ajouter la langue de l'Ukraine que Poutine tente de réduire au silence et de détruire", raconte Mme Wilson.
La tournée débutera à Paris, avant de se poursuivre dans plusieurs villes polonaises, à Londres, New York, et de s'achever à Washington.
- "La guerre se rapproche de plus en plus" -
De nombreux musiciens sont eux-mêmes des réfugiés, ayant fui l'Ukraine au début de la guerre. D'autres, comme Lessia Demkovytch, violoncelliste de 49 ans, vivent à l'étranger depuis des années.
Pourtant, tous ressentent chaque jour l'impact de la guerre sur leur vie.
"Nous avons l'impression que la guerre se rapproche de plus en plus de nous", déclare Lessia Demkovytch.
Parmi les morceaux de leur répertoire on entendra cette année "Boutcha Lacrimosa", une nouvelle œuvre de la compositrice ukrainienne Victoria Vita Polevá.
Cette pièce a été composée en hommage aux victimes des atrocités dont on accuse les troupes russes dans la ville de Boutcha, près de Kiev.
"Ce morceau est dédié à leurs âmes", souligne Nazary Stets, contrebassiste de 33 ans, venu directement de Kiev où il vit toujours.
Nazary Stets, comme d'autres musiciens en âge d'être recrutés, a été exempté de la conscription par le ministère ukrainien de la Culture.
"Ce que veulent les Russes, c'est détruire notre culture", insiste-t-il. "J'ignore ce qui va se passer par la suite".
La guerre faisant rage, les musiciens souhaitent aussi bien pleurer les victimes que montrer leur détermination. Cela peut être parfois émotionnellement accablant.
"Parfois, à cause des larmes, je ne peux pas jouer normalement", confie Nazary Stets.
Les musiciens espèrent que leur travail contribuera à soutenir l'effort ukrainien de guerre et maintenir l'appui de l'étranger.
Lessia Demkovytch compte pouvoir un jour faire une tournée de victoire dans des villes ukrainiennes. "Nous nous battons sur tous les fronts possibles et imaginables", souligne-t-elle.