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Daniel Auteuil de retour derrière la caméra avec un film de procès

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LOIC VENANCE

"J'ai senti le besoin irrépressible d'aller raconter cette histoire": six ans après sa dernière réalisation, Daniel Auteuil est de retour derrière la caméra avec "Le Fil", en salles mercredi, un film de procès sobre et efficace aux accents de thriller.

"Un film de procès, ça mêle tellement d'autres choses sur la vie que c'est passionnant. C'est de l'ordre de la tragédie souvent", raconte le comédien lors d'un entretien avec l'AFP début août.

Sa cinquième réalisation est bien loin de ses adaptations de Marcel Pagnol ("La fille du puisatier" en 2011, "Marius" et "Fanny" en 2013) ou de la pièce de théâtre "L'Envers du décor" de Florian Zeller qui devient "Amoureux de ma femme" en 2018.

Avec "Le Fil", ovationné en mai à Cannes où il était présenté hors compétition, l'acteur-réalisateur s'est lancé dans une nouvelle adaptation, celle d'une histoire vraie tirée du recueil de nouvelles "Au guet-apens: chroniques de la justice pénale ordinaire" de Maître Mô, alias Jean-Yves Moyart. Cet avocat pénaliste, décédé en 2021, était connu pour son blog "Petite chronique judiciaire, ordinaire et subjective".

Il y campe un avocat convaincu de l'innocence de son client, un père de famille accusé d'avoir assassiné son épouse, incarné par Grégory Gadebois, face à une avocate générale implacable jouée par Alice Belaïdi. Il y donne aussi la réplique à sa fille aînée Aurore Auteuil, qui tient un second rôle.

C'est sa fille cadette, Nelly Auteuil, qui produit le film avec Hugo Gélin, qui lui a fait découvrir le travail de l'avocat et lui a donné envie de se glisser à nouveau dans le costume de réalisateur.

- "Un besoin irrépressible" -

Daniel Auteuil se lance alors dans l'écriture du scénario avec Steven Mitz. "Je suis resté avec cette histoire longtemps, jusqu'à ce que je me l'approprie et que je réinvente des choses. (...) Je voulais faire du cinéma, pas du reportage", précise-t-il.

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Sameer Al-Doumy

Pour se préparer, il a assisté à un procès d'assises à huis clos. C'était "un procès comme celui de mon film, c'est-à-dire où il n'y a pas de preuve, où c'est la parole de l'un contre la parole de l'autre."

Un épisode qui l'a "bouleversé". "Avant d'assister à ce procès, j'avais une idée de mise en scène mais je n'avais pas été touché par l'humanité qui se dégage de ces lieux", explique-t-il.

"C'est terrifiant ce lieu où se jouent des drames comme ça. Mais ce sont des drames qui se jouent sans théâtralité", poursuit-il. "C'est quelque chose d'une grande lucidité, d'une grande rigueur, d'une grande froideur, et tout ça pour arriver à ce qu'ils appellent +l'intime conviction+."

- Loin de Paris -

Une rigueur et une froideur illustrées par une mise en scène et une interprétation très sobres au cœur d'une Camargue hivernale, plutôt que dans le Nord où se déroule la nouvelle.

"Je connais mieux le Sud que le Nord et j'avais l'impression que je serais plus crédible en filmant des lieux que je connaissais", justifie Daniel Auteuil, originaire d'Avignon.

Avant tout, il voulait "une histoire qui se passe en province", loin de Paris, pour "une proximité plus franche".

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Sameer Al-Doumy

"Ici, c'est un procès ordinaire, pas médiatisé. Tous les jours, les magistrats, les gendarmes, les gens de la prison font leur travail comme ça. Je voulais, sans montrer les choses, les faire ressentir", à l'instar de "la tension" qu'il a lui-même ressentie lors du procès auquel il a assisté.

Ce nouveau film lui donne envie de repasser derrière la caméra... mais pas tout de suite. "Il faut que je laisse mûrir, que ça devienne un besoin irrépressible, que le sujet me transporte, parce que c'est ça qui aide à transporter les autres", estime-t-il.

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