Partager:
Des figures du mouvement de contestation au Liban ont boycotté dimanche l'appel du nouveau Premier ministre à des négociations avec la rue en vue de former un gouvernement.
Désigné jeudi par le président Michel Aoun au terme de plusieurs semaines de tractations, Hassan Diab est confronté à un mouvement populaire inédit qui, depuis le 17 octobre, exige le départ de l'ensemble de la classe dirigeante, jugée corrompue et incompétente.
Samedi, il a promis, au terme de consultations avec les principaux blocs parlementaires, de former un gouvernement de technocrates indépendants de la classe dirigeante, restée quasi-inchangé depuis trois décennies.
Le 29 octobre, la contestation avait obtenu la démission du Premier ministre Saad Hariri et de son gouvernement, et réclame désormais la formation d'un cabinet de technocrates, dans un pays au bord de l’effondrement économique.
Mais l'appel de M. Diab à des concertations avec des représentants du mouvement semble avoir été rejeté par la rue.
Devant le domicile de M. Diab, des militants, notamment des femmes, ont fait le pied de grue, s'engageant dans des apartés parfois tendus avec les rares personnes ayant fait le déplacement chez le Premier ministre et qui affirment représenter la contestation.
"Qui êtes vous? (...) Vous ne représentez pas la révolution", ont lancé des militantes à leur adresse.
"Aucun groupe réellement actif sur le terrain n'a rencontré aujourd'hui le Premier ministre désigné", a assuré à l'AFP Wassef al-Haraké, une figure de la contestation.
"Ils veulent nous embourber dans le jeu des négociations", a-t-il ajouté.
Les partis au pouvoir cherchent à "diviser la rue et les groupes" qui la représentent, a encore accusé M. Haraké.
Les contestataires réclament un changement du système politique à travers la formation d'un cabinet, totalement indépendant du traditionnel sérail politique, qui sera chargé de préparer des élections parlementaires anticipées.
Au centre-ville de Beyrouth, des manifestants se sont rassemblés sur la place des Martyrs en début d'après-midi.
"Ces consultations ont été un échec", a affirmé à l'AFP Ali Haidar, un habitant de la banlieue sud de Beyrouth, estimant que les personnes ayant rencontré M. Diab "ne représentent pas la révolution".
Placés sous le slogan "Dimanche de la détermination", quelques rassemblements ont également eu lieu à Tyr (sud) et à Baalbeck (est), tandis que des manifestants en provenance de Tripoli (nord) ont été arrêtés par l'armée sur le chemin les menant à la capitale.