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D'après une enquête menée par Acerta, le taux d'absentéisme de moyenne durée a augmenté de 7% entre 2017 et 2018. De plus, 2,31% de toutes les heures ouvrables n'ont pas été prestées par des travailleurs en maladie entre 1 mois et 1 an.
Des chiffres qui continuent d'augmenter d'année en année, malgré la loi de réinsertion des malades de longue durée introduite fin 2016. Jusqu'à remettre en cause son efficacité.
Cette loi permet notamment à l'employeur d'entamer le processus de réinsertion de son travailleur absent, mais seulement au bout de 4 mois de maladie. Un délai jugé trop long par Acerta, qui conseillerait de débuter plus tôt -voire dès les premiers jours- les démarches de réintégration. La ministre fédérale de la santé Maggie De Block s'est déjà dit favorable à cette proposition, bien que la question relève du ministre de l'Emploi.
Des "coaches d'absentéisme"
Pour aider dans ces démarches de réinsertion, Acerta propose notamment de copier le modèle néerlandais avec des "coaches d'absentéisme", censés garder le contact avec le travailleur malade dès son premier jour d'absence. Valérie Jadoul, directrice du service entreprise de la FGTB, n'est pas vraiment convaincue par l'idée.
"Aux Pays-Bas, la situation est tout à fait différente car un employeur dont le travailleur est malade doit lui payer son salaire pendant deux ans. Donc l’employeur est relativement motivé à ce qu’il y ait un retour au travail", explique-t-elle. "Quand on regarde ce qu’il se passe dans les autres pays, c’est bien de voir l’ensemble du mécanisme qui est mis en place. Ici Acerta ne fait que citer un des éléments. Un coach d’absentéisme ? Non, pour nous, c’est vraiment ménager un espace dans l’entreprise pour assurer un retour durable et de qualité du travailleur. Que ce soit avec un coach ou pas, je pense que si l’employeur a la volonté de le faire, cela peut se faire sans coach."
Revoir la procédure de réinsertion
Piste d'amélioration proposée par Acerta: réduire la période, actuellement de 4 mois, après laquelle l'employeur peut lancer la procédure de réinsertion. Mais selon Jean-Marc Laasman, directeur du service études chez Solidaris, jouer sur la durée n'est pas la priorité.
"50% des travailleurs en incapacité de travail reprennent naturellement le chemin du travail après deux mois. Donc quatre mois, c'est peut-être trop long, mais ce qu'on constate, c'est que débuter avec un investissement pour un trajet de réintégration, ça serait probablement des ressources gaspillées pour une grande partie des travailleurs qui reprennent naturellement le chemin du travail après deux mois", estime-t-il. "Il est clair qu'à partir d'une certaine période, il est important de reprendre contact avec le travailleur et de voir comme il pourrait reprendre le travail et sous quelles conditions."