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La mainmise sur le Kosovo des anciens chefs de la guérilla indépendantiste albanaise, pourrait être remise en cause par les législatives dimanche, avec l'arrivée de nouveaux responsables.
Les vainqueurs seront soumis à une forte pression internationale pour normaliser les relations avec Belgrade qui ne reconnaît pas l'indépendance de son ancienne province.
LES "COMMANDANTS"
. Ramush Haradinaj, 51 ans. Premier ministre depuis 2017, sa démission en juillet a provoqué ces législatives. Surnommé "Rambo", cet ancien commandant de l'Armée de libération du Kosovo (UCK) est accusé par les Serbes de crimes de guerre pendant le conflit de 1998-99. Sa démission est la conséquence de sa convocation en juillet par le tribunal international spécial sur les crimes de guerre de l'UCK.
Avec son AllianRamush Haradinajce pour l'avenir du Kosovo (AAK), Ramush Haradinaj espère tirer profit de son intransigeance: opposé à toute modification de frontières, il a imposé des droits de douanes de 100% sur les produits serbes fin 2018, qu'il a refusé d'abroger malgré les pressions de son président Hashim Thaçi et des Occidentaux.
. Hashim Thaçi, 51 ans. Ancien chef politique de l'UCK, le président du Kosovo n'est pas directement concerné par le scrutin. La liste de son parti, le PDK (Parti démocratique du Kosovo) est menée par le président du parlement, Kadri Veseli. S'il reste silencieux, Hashim Thaçi regardera de près le résultat. Désigné par les députés, son mandat expire en 2021.
Même s'il ne sera pas facile d'écarter l'homme fort du Kosovo qui en contrôle l'appareil administratif, ses adversaires ont prévenu qu'ils mèneraient sans lui les négociations avec Belgrade.
Une défaite du PDK affaiblirait politiquement et diplomatiquement le dirigeant, dont le nom est régulièrement cité parmi les anciens responsables de l'UCK susceptibles d'être inculpés par le tribunal spécial.
LA RELEVE?
. Vjosa Osmani, 37 ans. Députée depuis 2011, la tête de liste de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK, centre droit) peut devenir la première femme à exercer les fonctions de Première ministre, sans doute au prix d'une alliance avec la gauche nationaliste.
Elle insiste sur le fait que son parti "a toujours été favorable au dialogue" avec Belgrade même si elle ne dévie pas d'une ligne officielle sans concession: "Pas de discussion sur les frontières, pas de discussion sur la souveraineté du Kosovo, et pas de discussion sur le fonctionnement institutionnel interne du Kosovo", a-t-elle dit à l'AFP.
. Albin Kurti, 44 ans. Chef de la gauche nationaliste (Vetevendosje, autodétermination), redoutable orateur, cet ancien leader étudiant emprisonné par Slobodan Milosevic dans les années 1990, fut longtemps surnommé le "Che kosovar". Mais il porte désormais costume et cravate et a entrepris de gommer son image d'intransigeance pour rassurer les Occidentaux, inquiets de son passé de boutefeu.
Il y a encore trois ans, lui et ses députés jetaient du gaz lacrymogène durant les sessions du Parlement. Ses partisans n'organisent plus de manifestations violentes, il n'évoque plus une union de tous les Albanais en un seul pays, ligne rouge pour Belgrade. Il se dit prêt à discuter avec Belgrade et se proclame social-démocrate. Il semble disposé à s'allier avec le centre droit pour écarter du pouvoir les "commandants".
LES SERBES
Election dans l'élection, les 120.000 Serbes du Kosovo désignent 10 députés, qui disposent d'un veto sur les décisions d'ordre constitutionnel. Force politique dominante dans la communauté, la Srpska Lista (Liste Serbe) est une émanation du parti au pouvoir en Serbie et ses positions sont dictées par Belgrade. Le président de la Serbie Aleksandar Vucic a expressément appelé à voter Srpska Lista. Une situation que dénoncent ses adversaires, qui évoquent une atmosphère d'intimidation et de pression sur les électeurs.