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Est-ce que le télétravail a diminué ou accru l’inégalité entre hommes et femmes dans l’entreprise ?
La combinaison crise du Covid / confinement / télétravail a aggravé les inégalités femmes-hommes en entreprise. C’est en tous cas ce qu’une étude française d’Ipsos explique.
Quels sont les éléments qui justifient ce constat ?
Par rapport aux hommes, les femmes sont moins nombreuses à disposer d'un espace isolé. Elles sont aussi plus fréquemment interrompues lorsqu'elles télétravaillent, par les enfants, mais aussi par les tâches domestiques.
Les mères de famille interrogées dans une autre étude prenaient par exemple plus souvent en charge les devoirs des enfants. Ce qui est une activité qui demande un effort cognitif et émotionnel important. Les hommes, quant à eux, avaient plutôt tendance à assurer davantage les activités dites récréatives et moins lourdes émotionnellement.
Enfin, si rester tard au bureau a statistiquement une influence positive sur les trajectoires de carrière, la présence en ligne des télétravailleurs est aussi perçue comme un signal positif par les supérieurs hiérarchiques. Face aux hommes qui n'ont pas d'enfants ou dont les conjointes s'occupent davantage des tâches ménagères, bien souvent, les femmes ne peuvent pas afficher la même disponibilité.
Le deuxième emploi caché des femmes ?
Les activités domestiques, principalement occupées par les femmes au sein de la majorité des couples, viennent grignoter le temps consacré au travail, mais aussi l’énergie des femmes. Comme ces femmes restent soumises à des injonctions sociales très fortes en ce qui concerne leur rôle de mère, cela crée un fort sentiment de culpabilité : les salariées du secteur privé sont plus nombreuses que les hommes à estimer qu'elles ne sont pas assez disponibles pour leurs enfants. Dès lors, elles font face à plus d’anxiété et même d’anxiété sévère comparée aux hommes.
Peut-on dire que le fossé entre les genres au travail se creuse ?
Ce fossé se comblait lentement mais sûrement se combler. La majorité des entreprises avaient pris conscience de cette injustice et prenaient des mesures pour la combattre. La crainte est aujourd’hui de voir ce fossé entre homme et femme se recreuser avec le télétravail.
Et les femmes expriment ces craintes ?
Oui. Les femmes se montrent pour l’instant moins confiantes que les hommes en ce qui concerne leur avenir professionnel et leurs perspectives de carrière. Ce manque de confiance est illustré par exemple par le fait qu’elles sont conscientes qu’elles ont eu moins d’interactions professionnelles via le télétravail. Cela se voit dans l’étude. Plus d’hommes ont profité du télétravail pour davantage prendre la parole en réunion ou pour entretenir leur réseau.
Résultat, 57% des femmes interrogées dans l’étude IPSOS appréhendent un retour aux horaires d’avant crise, contre 40% des hommes.