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Ministres et majorité attendent le verdict, probablement mardi, de l'Élysée et de Matignon, qui s'apprêtent à remanier le gouvernement après la démission de Gérard Collomb. Un remaniement dont l'ampleur des changements est l'une des principales inconnues.
Selon plusieurs sources concordantes, Édouard Philippe doit annoncer la démission de son gouvernement mardi matin et présenter une nouvelle équipe dans la journée. En tous cas avant le Conseil des ministres de mercredi, qui sera suivi du départ du président pour le Sommet de la francophonie en Arménie.
Qui part ? Qui arrive ? "Je pense que tout le monde est vraiment dans le flou. Quand le président et le Premier ministre ne veulent pas faire fuiter une conversation, ils savent le faire", a confié lundi un ministre à l'AFP : "C'est l'attente. Les cabinets sont quasiment tous à l'arrêt."
"On n'a aucune information fiable dont la durée de vie dépasse quatre heures", se désolait lundi soir un parlementaire LREM habituellement bien informé.
Ni le chef du gouvernement, ni le président de la République, n'ont, contrairement à l'usage, publié leurs agendas de cette semaine.
Mais ils ont déjeuné ensemble, comme quasiment tous les lundis. Et le ballet des ministres et responsables de la majorité pour former le nouveau gouvernement s'est poursuivi toute la journée à l'Elysée.
Edouard Philippe, qui assume l'intérim du ministre de l'Intérieur, s'est rendu lundi soir à Lyon, au dîner de travail des ministres de l'Intérieur des six plus grands pays de l'UE mais il devait être à Paris dès mardi matin.
Emmanuel Macron est lui apparu en public lundi après-midi, pour la première fois depuis trois jours en accueillant, tout sourire, le président chilien Sebastian Pinera sur le perron de l'Élysée.
- Vote de confiance -
En cas de grand changement, Edouard Philippe pourrait solliciter de l'Assemblée nationale un vote sur une déclaration de politique générale.
Richard Ferrand, nouveau président de l'Assemblée et rouage essentiel de la Macronie, a plaidé en ce sens et pour un "nouveau souffle", mettant notamment l'accent sur la nécessité de se "réconcilier avec les territoires".
"C'est pas vraiment un nouveau souffle pour moi, c'est plutôt une course d'endurance" dans laquelle le gouvernement est engagé, a dit la ministre de la Justice Nicole Belloubet, dans l'émission Audition Publique sur LCP-AN et Public Sénat, en partenariat avec l'AFP et Le Figaro, ajoutant "souhaiter" rester garde des Sceaux.
Pour remplacer M. Collomb, les noms des ministres Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian ou Gérald Darmanin circulent. Et, de plus en plus, ceux d'experts comme le procureur de Paris François Molins - une figure connue des Français depuis les attentats de 2015 -, la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi, le maire de Prades (Pyrénées-Orientales) Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée, enfin l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, un autre proche de M. Sarkozy.
Détenteur du portefeuille de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard pourrait être poussé vers la sortie. Mais selon une source parlementaire, des piliers de la macronie militent pour qu'il reste, notamment en vue de la révision constitutionnelle pour laquelle chaque voix comptera.
Outre Stéphane Travert à l'Agriculture, la ministre de la Culture, François Nyssen, joue également sa place, gênée par une enquête préliminaire sur des travaux d'agrandissement dans les locaux parisiens de sa maison d'édition, Actes Sud.
Le secrétaire d'État Julien Denormandie pourrait, lui, obtenir un ministère de plein exercice au Logement. Quant à Jacqueline Gourault, elle pourrait officiellement se voir attribuer les dossiers des collectivités locales.
- Plus large place au MoDem -
Derrière elle, le gouvernement pourrait accorder une plus large place aux centristes du MoDem, qui tapent du pied depuis l'élection au perchoir de Richard Ferrand.
Le chef de file des députés MoDem, Marc Fesneau, est en contact avancé pour une entrée au gouvernement, selon une source gouvernementale. Les pistes de l'Agriculture, de la Cohésion des territoires et des Relations avec le Parlement, ont été évoquées.
A droite, l'un des porte-parole des Républicains, Gilles Platret, a réclamé "un changement de cap", en estimant que la politique jusqu'alors conduite était "constituée d'un nombre trop important d'angles morts".
Quant aux ministres nourrissant des ambitions municipales pour 2020, ils devraient pour l'heure rester au gouvernement. "On ne va pas caler nos comportements sur le comportement de Gérard Collomb", a expliqué dimanche le porte-parole Benjamin Griveaux, qui réfléchit lui-même à une candidature à Paris.
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